Des élus américains ont dévoilé mardi des extraits tirés de milliers de documents qui détaillent comment deux sociétés pharmaceutiques ont augmenté les prix de certains médicaments qui peuvent sauver des vies, une pratique qui a suscité l'indignation du grand public.

Une enquête du Congrès qui s'est penchée sur des documents totalisant plus de 300 000 pages provenant de chez Valeant Pharmaceuticals et Turing Pharmaceuticals a levé le voile sur la façon dont les dirigeants comptaient maximiser leurs profits avec des médicaments utilisés pour traiter des patients avec des problèmes cardiaques ou d'autres maladies, incluant le sida et le cancer.

Un représentant démocrate du Maryland, Elijah Cummings, a dévoilé ces informations mardi, en prévision d'une audience prévue jeudi au sujet des hausses de prix exorbitantes.

Dans une déclaration, le démocrate fait valoir que les documents démontrent que «plusieurs entreprises pharmaceutiques s'en mettent plein les poches aux dépens de certaines des familles les plus vulnérables de notre nation».

Lorsque jointes mardi, Valeant et Turing ont toutes deux affirmé s'être engagées à s'assurer que les prix ne représentent pas un obstacle pour les patients.

Le comité de la Chambre des représentants s'est notamment intéressé à 75 000 pages de documents de Valeant. Selon un résumé des documents, le chef de la direction de l'entreprise lavalloise, Michael Pearson, a décidé d'acheter deux médicaments pour le coeur, le Nitropress et l'Isuprel, pour augmenter leur prix de façon importante et ainsi accroître les revenus et les profits de la société.

Les médicaments ont été achetés auprès de Marathon Pharmaceuticals pour 350 millions $ il y a près d'un an, puis leurs prix ont été, dans un cas, triplé, puis dans l'autre, multiplié par six.

Selon le résumé, Valeant a d'abord identifié des cibles de revenus, puis utilisé les prix des médicaments pour atteindre ces cibles. La pharmaceutique semblait croire qu'elle pourrait augmenter les prix des deux traitements sans que cela ne fasse de vague, puisque ces médicaments sont administrés par les hôpitaux, qui sont moins sensibles aux prix que les consommateurs, selon les documents.

Les médicaments ont généré des revenus de 547 millions $ US et des profits d'environ 351 millions $ US l'an dernier seulement. Selon la note du comité, Valeant a aussi plus que triplé les prix de 20 autres produits aux États-Unis en 2014 et en 2015.

Le comité de la Chambre des représentants entendra jeudi le témoignage du chef de la direction par intérim de Valeant, Howard Schiller. Ce dernier a hérité au début janvier du poste de Michael Pearson, qui a dû être hospitalisé pour soigner une sévère pneumonie.