Chute des prix pétroliers et renforcement du dollar ont pesé sur la croissance aux États-Unis qui a fortement ralenti au dernier trimestre 2015 tandis que les consommateurs se sont montrés plus prudents dans leurs dépenses.

D'octobre à décembre, le Produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 0,7 % en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières contre 2 % au troisième trimestre, selon la première estimation du Commerce vendredi.

Les analystes s'attendaient à un ralentissement mais dans une moindre mesure. Pour l'ensemble de 2015, la croissance a été de 2,4 % comme en 2014.

Les dépenses de consommation qui constituent les deux tiers du PIB américain, ont résisté même si elles ont décéléré pour progresser de 2,2 % contre 3 % de juillet à septembre. « Le consommateur est seul contre tous », résumait Harm Bandholz, économiste en chef pour les États-Unis chez UniCredit.

Car, hormis le marché immobilier, les autres poids lourds du PIB, à savoir les investissements des entreprises et le commerce extérieur, ont fait grise mine.

Pour le deuxième trimestre consécutif, les investissements des entreprises ont été dans le rouge.

L'impact de la chute des prix du pétrole a continué de frapper de plein fouet le secteur extractif dont les dépenses dans les infrastructures industrielles ont dégringolé.

Sur l'année, ces investissements dans le secteur minier et pétrolier ont chuté de 35 %, le plus fort repli depuis 1986.

Quant au commerce extérieur, il a été handicapé par la faible demande internationale et un renforcement du dollar qui renchérit les exportations américaines. Elles ont reculé de 2,5 % sur le trimestre.

Le billet est en effet porté par la divergence des politiques monétaires entre la Réserve fédérale (Fed) américaine et les banques centrales européenne et japonaise.

À cela s'ajoute au dernier trimestre un affaiblissement de la progression des dépenses publiques, surtout au niveau des États et des collectivités locales.

Faiblesse durable? 

« Ce rapport sur le PIB montre des faiblesses du côté des investissements et des exportations qui n'ont guère de raisons de se dissiper », a commenté Jason Schenker, du cabinet d'analyse financière Prestige Economics.

Selon lui, il y a peu de chances que les investissements remontent ni que les exportations s'améliorent alors que la banque centrale se place dans une perspective de remontée des taux et que le billet vert se renforce.

Il voit la médiocre performance du quatrième trimestre comme « un coup de semonce annonçant davantage de ralentissement en 2016 et une probable récession en 2017 ».

Regardant l'avenir, Chris Williamson de Market se montre aussi circonspect estimant que le regain de volatilité sur les marchés financiers et les attentes à la hausse sur les taux d'intérêt en 2016 « pourraient signifier que consommateurs et entreprises vont continuer à se montrer réticents à dépenser ».

La banque centrale américaine, la Fed, a affiché de la prudence mercredi lors de sa réunion de politique monétaire faisant une pause dans la hausse des taux mais elle n'a pas renoncé à poursuivre la normalisation monétaire après sept ans de politique ultra-accommodante.

La Maison-Blanche a réagi dans un communiqué estimant que la faible croissance à l'étranger continuait de peser sur la production intérieure américaine « ce qui renforce l'importance d'ouvrir de nouveaux marchés à nos exportations et de promouvoir une forte demande intérieure ».

L'administration se félicitait en revanche de la solide contribution des investissements immobiliers qui ont progressé de 8,1 % sur les trois derniers mois de l'année et de 8,7 % sur l'année.