Les consommateurs à la recherche de nouveaux plans de téléphonie cellulaire doivent s'attendre à payer un peu plus chaque mois s'ils choisissent de devenir un client d'un des trois grands groupes de télécommunications du Canada, puisque Telus, Rogers et Bell ont récemment annoncé des hausses de prix en les attribuant à la faiblesse du dollar canadien.

Mais certains observateurs de l'industrie sont sceptiques et font plutôt remarquer que les grandes sociétés de télécommunications ont habituellement recours à d'autres méthodes pour se protéger des fluctuations des taux de change.

«Si le taux de change est un élément si important, pourquoi n'avons-nous pas vu de baisses de prix lorsque le dollar était élevé?» a demandé David Christopher, un porte-parole pour le groupe de défense des consommateurs OpenMedia.

Les consommateurs qui s'engagent dans de nouveaux contrats avec Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]], Rogers [[|ticker sym='T.RCI.B'|]] ou Telus [[|ticker sym='T.T'|]] doivent maintenant débourser 5 $ de plus. Chaque compagnie a aussi réduit d'entre 10 $ et 15 $ les économies offertes pour les nouveaux clients qui ont déjà leur propre appareil mobile.

Telus a haussé ses prix notamment parce que l'entreprise doit payer davantage pour certaines composantes du réseau en raison de la faiblesse du dollar canadien, a expliqué Emily Harner, une porte-parole du fournisseur de services. Elle a aussi évoqué le besoin de dépenser des millions de dollars chaque année pour pouvoir continuer de répondre à la demande des consommateurs pour les données sans fil.

Les deux autres entreprises ont évoqué les inquiétudes au sujet de l'économie. Depuis des mois, le huard s'échange sous la barre des 80 cents US, et il se tient ces dernières semaines aux environs des 70 cents US.

Les entreprises auraient pu augmenter leurs prix pour éponger les coûts supplémentaires de leurs activités. Elles règlent presque toutes leurs coûts d'infrastructure soit en dollar américain ou en euro, a expliqué Iain Grant, directeur général de SeaBoard Research, une société de recherche en technologie et de consultation stratégique.

Mais certains croient que les consommateurs sont trompés par les entreprises, qui leur font croire que le huard est responsable de la hausse des prix des plans de téléphonie cellulaire quand, en fait, c'est le désir de profits plus juteux qui en est responsable.

«Il est un peu suspect que ces grandes entreprises publiques, sophistiquées, habituées à gérer le risque et à maximiser les profits jettent le blâme sur quelque chose qu'elles avaient vraisemblablement anticipé pour une hausse de prix, généralisée, dans une période de temps relativement courte», a estimé Geoff White, conseiller externe pour le Centre pour la défense de l'intérêt public.

Les trois sociétés sont protégées par un programme de couverture pour les taux de change, a-t-il poursuivi, d'après l'analyse de leurs déclarations annuelles de 2014 et leurs plus récents rapports sur les résultats du troisième trimestre.

«(Ces programmes de couverture) reviennent à allonger une prime pour réserver un certain taux de change dans l'avenir, afin d'être assuré de payer un certain montant», a expliqué M. White.

Il est impossible de savoir dans quelle mesure ces initiatives ont été couronnées de succès à partir de l'information contenue dans ces rapports, a-t-il poursuivi, mais «il semble qu'elles ont réussi à le faire assez efficacement».

Mais M. Grant a souligné que lorsque les prévisionnistes estiment que le huard va rester faible vis-à-vis du dollar américain pendant une plus longue période de temps, «les options de swap de devises sont plus limitées» et dispendieuses.

«Le coût de ces couvertures a aussi augmenté de façon importante avec le déclin du dollar», a noté un porte-parole de Bell, Jason Laszlo. Telus et Rogers n'ont pas répondu à des questions au sujet de leur programme de couverture pour les taux de change.

Les sociétés auraient aussi pu choisir de mettre à pied des employés ou d'engranger de moins gros profits jusqu'à ce que le huard prenne du mieux, a ajouté M. Grant.

Ils ont plutôt choisi de refiler la facture aux consommateurs, une décision qui va vraisemblablement ajouter aux profits des entreprises.

«Les hausses de prix (sont favorablement perçues par) les analystes financiers, ce qui entraîne généralement des hausses des cours des actions», a poursuivi M. Grant.

En outre, ces augmentations de prix simultanées semblent correspondre à une tendance à laquelle les Canadiens se sont habitués, a estimé M. Christopher, indépendamment d'où se situe le dollar. Les trois géants des télécommunications avaient aussi augmenté les prix de leurs plans mensuels pour les nouveaux clients en l'espace de deux mois en 2014.

Les trois grands fournisseurs de services sans fil peuvent agir de la sorte sans en subir les conséquences en raison de l'absence de concurrents dans la plupart des provinces et des territoires, a-t-il expliqué. Au Québec, en Saskatchewan et au Manitoba, où une quatrième société offre des services sans fil, les sociétés n'ont pas annoncé de telles hausses de prix.