Pour les entreprises, le dollar canadien descendu sous la barre des 70 cents US - au plus bas depuis 2003 - peut avoir un impact important sur la gestion de leurs affaires.

En négatif pour les unes, mais aussi en positif pour d'autres, selon des avis d'analystes et de direction d'entreprises recueillis par La Presse Affaires.

Cinq impacts à signaler : 



IMPORTATIONS PLUS CHÈRES


La baisse du dollar canadien réduit d'autant le pouvoir d'achat des entreprises d'ici à l'étranger pour tout ce qu'elles doivent importer pour leurs activités : matières premières, biens et équipements, services spécialisés, etc.

Le surcoût de ces importations attribuable au seul taux de change atteint maintenant 20 % en un an. Et 31 % par rapport à janvier 2014, alors que le huard cotait à 92 cents US.

De l'avis de l'analyste Keith Howlett, chez Valeurs mobilières Desjardins, « des détaillants comme Canadian Tire qui sont aussi de gros importateurs pourraient avoir des difficultés à maintenir leurs marges bénéficiaires en 2016 ».

EXPORTATIONS PLUS RENTABLES

En revanche, l'affaiblissement du dollar canadien constitue un boni à court terme pour les entreprises qui règlent leurs ventes de biens ou de services en dollars américains avec leurs clients hors du Canada.

Par exemple, un revenu de contrat de 1 million US vaut maintenant 1,43 million en dollars canadiens, par rapport à 1,19 million il y a un an et seulement 1,08 million en janvier 2014.

Selon l'économiste Leslie Preston, de la Banque TD, cet avantage monétaire aux exportateurs de biens et services constitue l'un des rares points positifs du récent relevé des perspectives d'affaires au Canada, pour l'année 2016.

MEILLEURE COMPÉTITIVITÉ À L'ÉTRANGER

Parce qu'il gonfle les revenus en dollars canadiens des ventes en dollars US, l'affaiblissement du huard accroît la marge de manoeuvre des exportateurs pour négocier des contrats. Tout en devant sacrifier moins de leur marge bénéficiaire comptabilisée en dollars canadiens.

Un exemple : le fabricant de structures d'acier complexes ADF, de Terrebonne, dont une part significative de la clientèle provient du secteur des grands bâtiments et des infrastructures aux États-Unis.

« La baisse du dollar canadien nous est favorable dans le cadre des projets américains fabriqués à notre usine de Terrebonne », indique la direction d'ADF dans ses plus récents résultats trimestriels ».

CONCURRENCE MOINDRE DES IMPORTATIONS

Avec le surcoût des importations engendré par la baisse du dollar canadien, les entreprises d'ici qui proposent des biens et services équivalents au Canada bénéficient d'une prime de compétitivité par rapport à cette concurrence étrangère.

Cet impact est le plus immédiat dans les produits de consommation courante, l'alimentation notamment, lorsque les consommateurs décident de remplacer des aliments importés devenus trop chers par des aliments d'origine canadienne.

Chez l'entreprise Bonduelle, qui a quatre usines de conditionnement et de surgélation de légumes récoltés au Québec, on mise sur ce contexte pour promouvoir davantage sa gamme de légumes surgelés Arctic Garden.

SURCOÛT DE DETTE EN DOLLARS US

Il y a quelques années, alors que le dollar canadien cotait autour des 92 cents US, des entreprises canadiennes ont voulu bénéficier de taux d'intérêt alors un peu moindres aux États-Unis en émettant des obligations libellées en dollars américains.

Ce fut le cas du transporteur Air Canada, qui avait vendu en septembre 2013 pour 400 millions US en obligations, avec coupons d'intérêt semestriel à 6,75 % par an.

Trois ans plus tard, Air Canada se retrouve avec un encours lié à ces obligations gonflé à 568 millions dans son bilan en dollars canadiens. À son récent troisième trimestre 2015, ses dépenses totales en intérêts ont atteint 106 millions CAN, par rapport à 81 millions un an plus tôt.