La publication du Chronicle Herald, de Halifax, plus important «quotidien indépendant» du pays, pourrait être interrompue d'ici deux semaines par un conflit de travail.

La direction du quotidien a déposé lundi un préavis de lock-out, ce qui permettrait à l'entreprise de mettre à pied ses employés de la salle de rédaction après un délai de 48 heures.

Deux jours de négociations de la dernière heure sont prévus la semaine prochaine, en présence d'un conciliateur, mais selon un porte-parole syndical, il y a peu de chances d'éviter le lock-out, qui serait décrété le samedi 23 janvier à minuit une.

Francis Campbell, vice-président au Syndicat des typographes de Halifax, a indiqué lundi que 61 employés syndiqués de la salle de rédaction pourraient légalement débrayer à cette date, mais qu'aucun d'entre eux n'avait l'intention de le faire.

Par contre, soutient M. Campbell, l'entreprise, fondée il y a 140 ans, a clairement indiqué qu'elle était prête à décréter un lock-out si les employés n'acceptent pas ses propositions - baisses de salaires, allongement des journées de travail, réduction des prestations de retraite et licenciements (jusqu'à 18 travailleurs).

En comptant tous les services, un peu plus de 300 personnes travaillent actuellement au «Chronicle Herald». En 2009, avant une première vague de coupes, une centaine de personnes travaillaient dans la salle de rédaction. En vertu des plus récentes offres patronales, cet effectif de 100 journalistes en 2009 serait aujourd'hui réduit de moitié.

Tout comme Le Devoir au Québec, le Chronicle Herald n'appartient pas à un grand conglomérat de presse comme PostMedia, Torstar, Québecor ou la famille Thomson, mais à une entreprise non affiliée, The Halifax Herald Ltd. Comme l'entreprise n'est pas inscrite en Bourse, il est impossible de consulter ses états financiers.

Nancy Cook, vice-présidente aux affaires administratives du Chronicle Herald, a expliqué que le quotidien devait réduire ses coûts de production s'il veut demeurer concurrentiel au sein d'un «paysage médiatique fragmenté». Selon elle, les offres patronales sont tirées d'ententes de principe déjà acceptées par le même syndicat dans d'autres médias.

Comme la plupart des quotidiens d'Amérique du Nord, le Chronicle Herald fait face à d'importants défis budgétaires, mais selon le porte-parole syndical Campbell, l'entreprise n'a pas réagi à temps et essaie maintenant de rattraper d'un coup le temps perdu.

Mark Lever, chef de la direction de l'entreprise, n'a pu être joint, lundi, pour commenter les négociations. Dans un communiqué publié vendredi, la compagnie indiquait que même après la rationalisation, le Chronicle Herald demeurerait la plus importante entreprise médiatique du Canada atlantique, et qu'il offrirait encore les salaires et avantages sociaux les plus généreux du secteur.