Le groupe pharmaceutique Shire (SHPG) va racheter la biotech américaine Baxalta (BXLT) pour 32 milliards de dollars afin de créer un spécialiste mondial des maladies rares, dans un contexte de regroupement accéléré du secteur.

Shire, une multinationale basée à Dublin, avait formulé cet été une première offre hostile uniquement en actions à 30 milliards de dollars, qui avait été rejetée. Les deux groupes ont annoncé lundi avoir désormais trouvé un accord pour fusionner, avec une transaction comportant aussi une partie en numéraire, ont-ils indiqué dans un communiqué commun.

«La fusion que nous proposons va nous permettre de concrétiser notre vision, qui est de bâtir une entreprise de biotechnologie leader concentrée sur les maladies rares», a souligné Flemming Ornskov, le directeur général de Shire, un groupe déjà spécialisé dans ce genre de pathologies.

Baxalta est pour sa part né de la scission du groupe pharmaceutique Baxter. Basé dans l'État de l'Illinois, au nord des États-Unis, le laboratoire commercialise aussi des traitements contre des maladies rares, dont quelque 80% sont d'origine génétique.

Dans le détail, les actionnaires de Baxalta devraient recevoir 18 dollars en numéraire plus 0,1482 titre Shire pour chacune de leurs actions, ce qui valorise l'action Baxalta 45,57 dollars, soit une prime de 37,5% pour les actionnaires de la biotech par rapport au cours de son action du 3 août, la veille de la confirmation par Shire de son intérêt pour Baxalta.

Sur ces bases, cette dernière est valorisée à quelque 32 milliards de dollars au total. Les deux entreprises espèrent boucler l'opération à la mi-2016.

Leur fusion devrait leur permettre de peser plus de 20 milliards de dollars de ventes annuelles d'ici 2020, dont 5 milliards pourraient provenir du lancement à venir d'une trentaine de nouveaux traitements. Les deux entreprises génèrent actuellement quelque 6 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel chacune.

Le nouveau Shire sera l'un des leaders dans la lutte contre les maladies rares, avec des activités dans les domaines de l'hématologie, de l'immunologie, des neurosciences, des maladies de surcharge lysosomale, de la gastro-entérologie et de l'angio-oedème héréditaire. Il sera aussi présent dans l'oncologie et l'ophtalmologie.

Au final, quelque deux tiers des revenus de l'entreprise issue de la fusion devraient provenir des traitements pour les maladies rares.

Les deux groupes ont précisé que leur union permettrait de générer quelque 500 millions de dollars de synergie annuelles lors des trois premières années suivant le bouclage de l'opération, via «l'amélioration de la productivité, des économies d'échelle au niveau de l'activité cumulée (...) et l'optimisation du portefeuille commun de R&D», sans préciser s'il y aurait ou non des suppressions d'emploi.

Baxalta emploie quelque 16 000 employés et Shire environ 5000.

Évitement fiscal

L'OPA de Shire sur Baxalta intervient dans un contexte de regroupement accéléré à l'oeuvre dans l'industrie pharmaceutique, avec quelque 724 milliards de dollars d'opérations de fusion et acquisition l'an passé, d'après des données du cabinet Dealogic.

Fin novembre, les géants Pfizer et Allergan ont notamment annoncé une fusion à 160 milliards de dollars pour former le numéro un mondial du secteur, mariant le fabricant du Viagra et celui du traitement antirides Botox.

Elle constitue la plus importante opération d'évitement fiscal jamais réalisée par une entreprise américaine et va entraîner la domiciliation hors des États-Unis de Pfizer, un des grands noms de l'industrie du pays, puisqu'Allergan est basé en Irlande, comme Shire.

A ce sujet, le taux d'imposition de Shire-Baxalta sera compris entre 16 et 17%, soit bien moins que les 35% acquittés par les entreprises basées aux États-Unis, et un peu plus que le taux de 12,5% pratiqués en Irlande.

Shire avait auparavant tenté de se faire racheter par une autre entreprise pharmaceutique américaine, Abbvie, qui avait finalement renoncé face au durcissement des règles des États-Unis contre les mariages entre entreprises motivés par des raisons fiscales.

Shire a depuis acquis ou annoncé l'achat de deux autres groupes américains travaillant dans les domaines des maladies rares: NPS Pharmaceuticals (5,2 milliards de dollars) et Dyax (5,9 milliards USD).