Les vigoureuses créations d'emplois aux États-Unis en décembre ont largement dépassé les attentes et le taux de chômage est resté stable à 5 %, au plus bas depuis sept ans, montrant la solidité du marché de l'emploi même si les salaires stagnent.

L'économie américaine a créé 292 000 emplois le mois dernier, selon le ministère du Travail vendredi, alors que les analystes tablaient sur 200 000 nouvelles embauches. Les chiffres des deux mois précédents ont aussi été révisés en nette hausse (+50 000).

Tous les secteurs d'activité, sauf celui de l'énergie plombé par la chute des prix du pétrole, ont fortement embauché, témoignant de la vitalité du marché du travail aux États-Unis malgré le ralentissement économique à l'étranger et en Chine.

Dans l'ensemble, 2015, deuxième meilleure année pour l'emploi depuis 1999, aura ajouté près de 2,7 millions nouveaux emplois.

Le temps exceptionnellement clément en décembre dans l'est et le Midwest a beaucoup aidé l'activité, surtout dans le bâtiment où l'on a continué à embaucher fortement tout le dernier trimestre. « Avant de se laisser emporter par l'enthousiasme, il mérite de souligner que les chaudes températures record ont probablement joué un rôle », notait Paul Ashworth, économiste pour Capital Economics.

Largement préservé de l'impact de la morosité à l'international qui affecte le commerce extérieur, le secteur des services apparaît comme le moteur presque exclusif de cette dynamique de l'emploi. Services aux entreprises, services de santé, transports, logistique, restauration et même cinéma ont tous solidement embauché. Au total, 94 % des nouveaux emplois en 2015 ont été créés dans les services.

Les emplois à temps partiel faute de trouver mieux restent cependant très nombreux (6 millions).

Le taux de chômage, qui fait l'objet d'une enquête distincte de celle des créations d'emplois, est resté inchangé depuis trois mois, à 5 %, malgré ces fortes embauches. Cela s'explique par l'arrivée massive de nouveaux chercheurs d'emplois, un point positif pour le marché du travail. « Que davantage de gens se mettent à chercher du travail est un vote de confiance pour l'économie », selon Sal Guatieri, économiste pour BMO Capital Markets.

Le ministère du Travail a compté quelque 466 000 nouveaux entrants sur le marché de l'emploi, le plus haut niveau depuis 21 mois. Le taux d'activité, qui englobe ceux travaillant ou cherchant activement un emploi et qui est au plus bas depuis 30 ans, s'est un peu amélioré à 62,6 %.

« Le rythme robuste de créations d'emplois s'est poursuivi en décembre alors que le taux de chômage s'est maintenu à son plus bas niveau depuis avril 2008 et que le taux d'activité a augmenté », s'est ainsi félicité la Maison-Banche dans un communiqué.

Seul hic: les salaires

Ce rapport très positif sur l'emploi valide la décision de la banque centrale américaine (Fed) de relever les taux d'intérêt à la mi-décembre et laisse présager qu'elle pourrait continuer sur sa lancée en mars.

« Si la Fed se soucie de la Chine, c'est néanmoins la forte économie américaine qui devrait déterminer l'avenir de la politique monétaire », affirmait Joel Naroff, économiste indépendant.

« La Fed va trouver du réconfort dans ces chiffres forts après les récentes turbulences sur les marchés financiers mondiaux. S'il y a peu de chance qu'elle relève les taux à nouveau le 27 janvier » lors de la prochaine réunion du Comité monétaire, « il est probable qu'elle le fera en mars », estimait pour sa part Sal Guatieri.

Un chiffre toutefois pourrait la faire réfléchir à deux fois: celui de l'inflation. Très observé par la Fed qui voudrait voir la hausse de prix se relever autour de 2 % sur un an, le salaire horaire moyen a perdu presque un cent en décembre. « Le seul hic, c'est cette évolution encore très faible des salaires », commentait Harm Bandholz d'Unicredit, alors qu'une hausse des rémunérations est en général vue comme un signe de démarrage de l'inflation.

Les membres de la Fed ont d'ailleurs montré des doutes sur cette évolution des prix, dans les minutes de leur dernière réunion monétaire. Plusieurs avaient jugé « limite » la décision de relever les taux d'intérêt à cause des incertitudes sur l'inflation.