La chaîne américaine d'hôtels Marriott International (MAR) a délié les cordons de la bourse lundi pour s'emparer de sa concurrente Starwood (HOT) afin de créer le premier groupe hôtelier mondial, fort de 5500 hôtels dans une centaine de pays.

Marriott va débourser au total 12,2 milliards de dollars pour réunir ses marques Ritz-Carlton, Renaissance, JW Marriott ou Gaylord, et celles haut de gamme de Starwood (St Regis, W, Westin, Le Méridien ou Sheraton).

Cette opération, la plus importante depuis une décennie dans l'hôtellerie selon Euromonitor International, va lui permettre de poursuivre son expansion, avec désormais une forte présence en Chine, en Inde et en Europe, zones où Starwood est bien installé.

Les redevances de franchise combinées des deux chaînes ont atteint 2,7 milliards de dollars sur les 12 mois achevés le 30 septembre pour 1,1 million de chambres. Hilton, le deuxième groupe hôtelier mondial, ne dispose que de 4500 hôtels pour 735 000 chambres dans le monde.

Ce mariage, qui accélère la consolidation du secteur, va surtout avoir des conséquences pour les consommateurs nord-américains au vu de la puissance des deux groupes dans la région, avancent les analystes. Marriott a racheté récemment le canadien Delta Hotels et Resorts.

Toutefois, «la loyauté envers une marque reste importante dans l'industrie hôtelière. (Donc) on peut s'attendre à ce qu'il y ait peu de changements dans les offres et les prix proposés par chacune des marques», développe Wouter Geerts chez Euromonitor International.

Il reste à savoir si la fusion permettra aux clients des hôtels Starwood disposant de la carte de membre de bénéficier des avantages du programme de fidélité «Marriott Rewards», faisant de la fusion une opération allant au-delà du seul mariage de marques.

«Pour réussir aujourd'hui (dans le secteur), une grande diversité de marques est nécessaire sur toute la gamme de prix», a expliqué Adam Aron, le patron de Starwood, à des analystes. «La taille est ce qui compte aujourd'hui», insiste-t-il.

Interrogations sur le Sheraton

Le rapprochement Marriott-Starwood met fin aux interrogations planant depuis près d'un an sur l'avenir du second cité.

Son ex-patron Frits van Paasschen, 53 ans, avait quitté à la surprise générale le groupe par «consentement mutuel» en février. Deux mois plus tard, Starwood a annoncé explorer des options stratégiques, impliquant une vente pure et simple de l'entreprise, la cession d'hôtels ou encore une fusion avec une autre marque.

Depuis cette date, les spéculations se sont multipliées. En juillet, le groupe hôtelier InterContinental était donné comme un acquéreur potentiel mais il avait aussitôt démenti ces informations.

Des discussions avaient aussi été initiées avec trois sociétés chinoises dont le groupe Jin Jiang International, déjà propriétaire du français Louvre Hotel Group (Campanile, Kyriad), selon la presse américaine, qui avait également fait état début octobre d'une offre imminente des hôtels Hyatt.

La fusion Marriott-Starwood va permettre d'économiser 200 millions de dollars par an à partir de la deuxième année suivant le bouclage de la fusion, grâce à des synergies, notamment dans le «back-office», affirment les deux groupes.

Starwood devrait vendre par ailleurs des hôtels qu'il détient en propre pour ne plus en assurer que la gestion, ce qui devrait rapporter entre 1,5 et 2 milliards de dollars net sur les deux prochaines années.

Sheraton, son vaisseau amiral qui n'est pas très en forme depuis quelque temps, pourrait en faire les frais, estiment des analystes: Mais Marriott-Starwood pourrait aussi décider, observe Wouter Geerts, de capitaliser sur l'expertise de la griffe et la relancer.

Les détails financiers de la transaction prévoient une plus-value de 19% pour les actionnaires de Starwood, qui vont recevoir 0,92 action Marriott et 2 dollars en numéraire pour chaque action Starwood, correspondant à une part de 37% dans le capital de la nouvelle entité sur la base du cours au 30 septembre.

Ils recevront également 7,80 dollars par action pour la vente pour 1,3 milliard au groupe américain Interval Leisure de l'activité de location-partage («time-sharing») annoncée le 28 octobre.

Arne Sorenson, le patron actuel de Marriott, dirigera le nouveau groupe, qui devrait voir le jour mi-2016 après le feu vert des actionnaires et des autorités de la concurrence. Son siège sera à Bethesda dans le Maryland.