La consolidation se poursuit parmi les voyagistes en ligne: le poids lourd américain Expedia a annoncé mercredi le rachat de son compatriote HomeAway, s'armant au passage face à l'essor de plateformes alternatives comme Airbnb.

La transaction, chiffrée à 3,9 milliards de dollars, a été approuvée à l'unanimité par les conseils d'administration des deux entreprises et devrait être bouclée au premier trimestre 2016, sous réserve du feu vert des régulateurs.

C'est la deuxième opération de taille en moins d'un an pour Expedia, que les autorités américaines avaient autorisé mi-septembre à racheter Orbitz Worldwide pour 1,6 milliard de dollars.

Expedia est l'un des plus gros voyagistes en ligne au monde, avec un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 6 milliards de dollars et toute une série de sites proposant de réserver des chambres d'hôtel, des billets d'avion ou des voitures de location comme Hotels.com, hotwire, Travelocity, hotelclub.com, cheaptickets.com, Egencia, Trivago, CarRentals.com...

Si le groupe a beaucoup grossi à coup d'acquisitions ces dernières années, sa direction a reconnu mercredi que celle de HomeAway était «un peu différente» des précédentes. La société continuera d'ailleurs d'être gérée de manière indépendante.

HomeAway, créée en 2005, est en effet spécialisée dans la location de maisons ou d'appartements, avec plus d'un million d'annonces payantes dans 190 pays, publiées sur des sites à son nom ou sur ses filiales VRBO.com et VacationRentals.com aux États-Unis, ou Abritel.fr et Homelidays.com en France par exemple. Cela lui avait rapporté l'an dernier près de 450 millions de dollars de chiffre d'affaires.

Les sites de HomeAway présentent certaines similitudes avec Airbnb. Les annonces y étaient au départ payantes pour les propriétaires, mais la société leur propose aussi de plus en plus de la payer seulement quand les logements sont loués, un modèle rappelant celui de la startup américaine qui ponctionne une commission sur les locations réalisées par son intermédiaire.

Contrairement à l'offre plutôt urbaine d'Airbnb ou d'Expedia, l'inventaire de HomeAway comporte surtout surtout des résidences secondaires et situées dans des zones touristiques.

Nouvelle classe de consommateurs 

«Nous avons, depuis longtemps, les yeux sur le secteur à croissance rapide, et représentant plus de 100 milliards de dollars, des logements alternatifs», a commenté mercredi le patron d'Expedia, Dara Khosrowshahi.

Il a rappelé que certains sites d'Expedia reprenaient déjà depuis deux ans des annonces de HomeAway, et que son rachat était «l'étape suivante logique», qui permettrait d'accélérer la croissance du groupe sur ce créneau prometteur.

Les locations de logements sont «clairement un produit qui est important pour un certain groupe de personnes» et qui «deviendra une part plus importante de notre offre l'année prochaine et les années suivantes», avait déjà indiqué M. Khosrowshahi la semaine dernière, quand des analystes l'avaient interrogé en marge des résultats trimestriels de son groupe sur la manière dont l'essor d'Airbnb influençait son activité.

Il avait assuré alors qu'Expedia n'était pas affecté «directement» par la startup, mais avait reconnu un risque de «pressions sur les prix sur certains marchés où on a un important inventaire d'Airbnb».

Ce dernier ouvre le marché du voyage à «une nouvelle classe de consommateurs», plus jeunes, avec des prix généralement plus bas que les hôtels traditionnels, avait-il aussi relevé.

L'accord annoncé mercredi prévoit qu'Expedia paye 10,15 dollars en numéraire et 0,2065 action pour chaque titre HomeAway, ce qui représenterait un total de 38,31 dollars sur la base de son cours de clôture de mardi soir (BIEN mardi).

HomeAway a clôturé à 32,04 dollars mercredi à la Bourse de New York, et l'annonce du rachat faisait s'envoler le titre de près de 22% vers 18h00 dans les échanges électroniques d'après-séance. L'action Expedia gagnait pour sa part 2,48% à 137,50 dollars.