Plongée dans la controverse à la suite d'allégations entourant son modèle d'affaires, Valeant (t.vrx) a rompu ses liens avec la pharmacie américaine Philidor, spécialisée dans les commandes postales.

La multinationale québécoise - qui a reçu un vote de confiance de son deuxième plus important actionnaire - a ainsi emboîté le pas à d'autres gestionnaires d'assurance médicaments aux États-Unis.

Cela n'a toutefois pas empêché son action de poursuivre sa dégringolade à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé la semaine à 122,04$, en baisse de 17,67%, ou 26,19$.

Valeant dit avoir perdu confiance à l'endroit de son partenaire américain en raison «d'allégations inappropriées» et discute maintenant avec d'autres pharmacies afin d'assurer la livraison de médicaments.

«Nous comprenons que les patients, médecins et partenaires ont été troublés par le comportement de Philidor, tout comme nous», a fait valoir vendredi son président et chef de la direction, Michael Pearson.

«Nous savons que ces allégations ont soulevé des questions à l'endroit de notre intégrité, et pour cela, j'en prends la responsabilité», a-t-il ajouté.

Les faits reprochés n'ont pas été précisés, mais selon l'agence Bloomberg, des employés de Philidor auraient modifié des prescriptions pour qu'elles réfèrent à des médicaments fabriqués par Valeant plutôt que leur version générique moins dispendieuse.

Ni Valeant ni Philidor n'ont voulu commenter davantage. L'entreprise américaine a également refusé de confirmer l'information selon laquelle la fin de ses activités serait imminente.

Lundi, Philidor avait publié un communiqué dans lequel elle se disait «fière de la relation qu'elle avait bâtie avec Valeant au fil du temps».

Elle avait également salué la mise sur pied d'un comité par Valeant afin d'enquêter sur les allégations de Citron Research, qui accusait la société d'avoir créé un réseau de «pharmacies fantômes» afin de gonfler artificiellement ses ventes.

Cette firme spécialisée dans la vente à découvert avait même été jusqu'à se demander si Valeant n'était pas un «Enron pharmaceutique», en référence au géant déchu de l'énergie qui avait fait scandale au début des années 2000.

La multinationale québécoise avait rejeté du revers de la main ces accusations, les qualifiant d'«erronées». Elle a aussi nommé l'ex-sous-procureur général américain Mark Filip comme conseiller spécial de son comité de révision ad hoc.

Entre-temps, l'investisseur activiste Bill Ackman, dont le fonds Pershing Square Capital est maintenant le deuxième actionnaire en importance de Valeant, s'est porté à la défense de la multinationale.

Il a entre autres estimé qu'à long terme, la multinationale sera en mesure de tourner la page sur les scandales, ses démêlés avec la classe politique aux États-Unis ainsi que le paiement potentiel d'amendes.

«La vie va continuer pour Valeant, a dit M. Ackman, au cours d'une conférence téléphonique, depuis New York. C'est une période très dommageable pour l'entreprise, mais nous croyons que son modèle d'affaires est robuste.»

L'investisseur activiste - qui avait accompagné Valeant dans sa tentative ratée d'acquérir Allergan - a toutefois estimé que la société a fait une «erreur significative» en n'allouant pas assez de ressources à son département des relations publiques et gouvernementales.

Réitérant sa confiance à l'endroit du grand patron de Valeant, M. Ackman aurait aimé obtenir plus de détails lors de la conférence téléphonique tenue lundi dernier, au cours de laquelle la direction de la pharmaceutique s'est affairée à réfuter les allégations de Citron Research.

«Ils ont définitivement besoin d'aide en ce qui a trait aux relations publiques», a-t-il affirmé.

Même si Valeant a rompu ses liens avec Philidor, cela ne veut pas dire que le dossier est clos, selon l'analyste Vicki Bryan chez Gimme Credit.

«Le tsunami légal provoqué par Valeant pourrait avoir des répercussions pendant des années en raison de potentielles enquêtes fédérales sur le modèle d'affaires de l'entreprise», écrit-elle dans un rapport.

La multinationale est également sous la loupe des autorités politiques et judiciaires au sud de la frontière après avoir procédé à d'importantes augmentations du prix de certains médicaments, une décision ayant suscité de nombreuses critiques.

Au Québec, le cabinet d'avocats Siskinds, Desmeules a également adressé une demande de recours collectif à la Cour supérieure.