Entièrement gratuite depuis sa création, il y a dix ans, la plateforme de vidéo en ligne YouTube va lancer une offre d'abonnement payante permettant de visionner ses contenus sans publicité.

L'offre, baptisée YouTube Red, sera disponible aux États-Unis à partir du 28 octobre au prix de 9,99 dollars par mois, a indiqué le groupe, dont les contenus resteront accessibles gratuitement, mais avec adjonction de publicité.

Jusqu'ici, quelques secondes de publicité étaient systématiquement intégrées avant la diffusion d'une vidéo.

Il y a cinq ans, YouTube a lancé TrueView, une option permettant de ne pas regarder tout le film publicitaire. Cette option était laissée à la discrétion des annonceurs.

«YouTube Red marque une évolution dans notre désir de donner aux admirateurs davantage de choix et de contenu qu'ils apprécient, ainsi qu'une utilisation plus plaisante», a commenté Robert Kyncl, responsable opérationnel de YouTube.

Il s'exprimait depuis Los Angeles, mais l'événement était retransmis dans les bureaux de YouTube à New York.

YouTube Red permettra également aux abonnés de sauvegarder des vidéos sur leur ordinateur ou leur support mobile pour les visionner plus tard, même sans connexion internet.

Pour donner de l'élan à son nouveau produit, qui sera disponible l'an prochain dans le reste du monde, YouTube a indiqué produire actuellement des séries et des films qui seront diffusés en exclusivité sur YouTube Red.

Ces productions seront dédiées, dans un premier temps, à des «YouTubers», qui ont déjà acquis une notoriété sur la plateforme.

Un film intitulé A Trip to Unicorn Island aura notamment pour personnage principal Lilly Singh, une comédienne canadienne adepte de vidéos humoristiques, qui compte 6,9 millions d'abonnés sous le pseudonyme «Superwoman».

YouTube prépare également un film romantique, Single by 30, produit par Wong Fu Productions, un collectif de jeunes Américains d'origine asiatique suivi par 2,5 millions d'abonnés.

Robert Kyncl a assuré que YouTube partagerait la «vaste majorité» de ses revenus avec les producteurs de contenu, sans plus de précision.

Aujourd'hui, le modèle général de Google attribue 55% des revenus au producteur du contenu et en conserve 45%.

Selon le site spécialisé eMarketer, YouTube devrait enregistrer 1,55 milliard de dollars de revenus publicitaires en 2015. Cela représente près de 20% (19,4%) du chiffre d'affaires réalisé grâce à des vidéos en ligne.

YouTube à l'attaque de la musique en ligne 

Le géant de la vidéo en ligne, qui revendique plus d'un milliard d'utilisateurs dans le monde, a également annoncé le lancement d'une nouvelle application gratuite, YouTube Music, qui offrira les catalogues de vidéos d'artistes.

Cette application sera liée à la boutique en ligne Google Play, a précisé le groupe.

Elle permettra aussi aux utilisateurs de n'écouter que la musique sans les vidéos, ce qui pourrait étendre les usages, notamment en voiture ou durant une activité sportive.

Pour Robert Kyncl, YouTube a redonné vie aux clips musicaux et en a fait plus que jamais un outil de promotion pour les artistes.

«Nous voulons aller plus loin et offrir un point de rencontre entre les artistes et leurs fans», a-t-il expliqué.

Il espère ainsi que YouTube Music devienne une «des premières sources de musique», ce qui en ferait un concurrent direct des plateformes de streaming.

Aujourd'hui, Spotify est de loin le leader de ce marché, avec vingt millions d'abonnés (dernier chiffre communiqué en juin), devant Apple Music (6,5 millions), Deezer (6,3 millions) et Tidal (1 million).

Mais avec son milliard d'utilisateurs, selon le chiffre communiqué par le groupe, et une offre gratuite, avec publicité, YouTube a quelques atouts pour tirer son épingle du jeu.