Les actions de Valeant (T.VRX) se sont échangées à leur plus bas niveau en plus d'un an, mercredi, à la suite de la publication d'un rapport controversé soulevant des questions sur les pratiques de l'entreprise.

À la Bourse de Toronto, l'action du géant pharmaceutique lavallois a plongé de 39 pour cent, à 116,19 $, avant de clôturer à 154,21 $, en baisse de 19,2%. Les transactions sur le titre ont même été brièvement suspendues à deux reprises en raison d'un volume important inhabituel.

Cette nouvelle dégringolade a été déclenchée après la diffusion d'une note émanant de Citron Research soulevant des questions sur les pratiques de Valeant en matière de distribution.

Dirigée par le vendeur à découvert Andrew Left, cette firme de recherche ayant déjà publié des rapports critiques visant Valeant se penche sur les actions surévaluées et les compagnies aux pratiques potentiellement frauduleuses. Dans son nouveau rapport, Citron se demande si la société n'est pas un «Enron pharmaceutique», en référence au géant déchu de l'énergie qui avait fait scandale au début des années 2000.

Le document suggère que Valeant utilise des pharmacies affiliées à la compagnie Philidor dans le but d'accumuler des stocks pour ensuite présenter ces transactions comme des ventes.

«Valeant et Philidor ont mis en place un réseau complet de pharmacies fantômes» afin de générer des ventes bidon de médicaments pour ainsi échapper à l'audit des autorités réglementaires, selon Citron Research, qui abaisse même à 50$ son cours cible du titre de Valeant.

Cette analyse survient après la publication d'articles du New York Times et du Southern Investigative Reporting Foundation sur Philidor et R&O Pharmacy, deux sociétés pharmaceutiques spécialisées avec qui Valeant fait affaire.

Par courriel, Valeant a réfuté les allégations de Citron Research, les qualifiant d'«erronées».

«Les déclarations trompeuses à l'endroit de Valeant ressemblent à une tentative visant à manipuler le marché afin de faire baisser le prix de l'action, écrit une porte-parole. Nous réitérons (...) notre respect des règles comptables et des lois.»

Valeant affirme que moins de cinq pour cent de ses stocks aux États-Unis se trouve dans des pharmacies spécialisées.

Lundi, en dévoilant les résultats du troisième trimestre, le grand patron de Valeant, Michael Pearson, avait dit ne pas avoir évoqué Philidor dans le passé parce qu'il ne voulait pas divulguer cet avantage à ses concurrents.

À l'instar de plusieurs sociétés de ce secteur aux États-Unis, les revenus de Valeant proviennent des produits vendus à des administrateurs pharmaceutiques, avait-il expliqué aux analystes.

De son côté, Neil Maruoka, de Cannacord Genuity, n'adhère pas à la thèse de Citron Research selon laquelle Valeant gonfle artificiellement ses revenus grâce à un réseau de pharmacies.

«Se contenter de mettre en relief des liens ne signifie pas nécessairement que quelque chose de négatif se trame», écrit l'analyste dans un rapport.

M. Maruoka ne croit pas que l'entreprise québécoise irait jusqu'à truquer son chiffre d'affaires, mais il estime cependant qu'elle est aux prises avec un «problème de crédibilité».

«En raison des attaques multiples à l'endroit de Valeant (comme les prix des médicaments ainsi que la recherche et développement), nous ne croyons pas que les investisseurs vont se ruer sur le titre», ajoute-t-il.

Entre-temps, la firme new-yorkaise Rosen Law Firm, spécialisée dans la défense des droits des actionnaires, enquête sur de «potentielles informations trompeuses» fournies par Valeant. Elle prépare un recours collectif afin de récupérer les sommes perdues par les investisseurs du géant pharmaceutique.

Valeant est actuellement sous la loupe des autorités politiques et judiciaires aux États-Unis après avoir procédé à d'importantes augmentations du prix de certains médicaments, une décision ayant suscité la controverse.

Des procureurs fédéraux du Massachusetts et de New York ont également fait parvenir des ordonnances au géant pharmaceutique l'exhortant à produire certains documents.

La valeur boursière de Valeant, qui avait atteint un sommet en août dernier, s'est depuis effondrée d'environ 60%.