Si l'économie canadienne est sortie de sa léthargie durant l'été, elle ne montrera pas beaucoup de dynamisme au cours des prochains trimestres.

C'est ce que prévoit le nouveau scénario de la Banque du Canada publié ce matin, parallèlement à sa décision de reconduire le taux directeur qu'elle avait fixé à 0,5%, à la mi-juillet.

Durant l'été, la croissance a rebondi au rythme annualisé de 2,5%, après la faible récession technique du premier semestre. Ce sera le meilleur score trimestriel de 2015.

L'économie ralentit à nouveau cet automne à un rythme de 1,5% seulement. En gros, l'effet sur la consommation des chèques de la Prestation universelle pour garde d'enfants s'est estompé tandis que le niveau des ventes de véhicules neufs observé durant l'été ne paraît pas soutenable.

Pour l'ensemble de 2015, le rythme d'expansion est projeté à 1,1%, par la Banque, comme en juillet.

Pour 2016 et 2017, la croissance est projetée à 2,0% et 2,5%, ce qui est inférieur aux 2,3% et 2,6%, estimés en juillet.

Les autorités monétaires jugent que la faiblesse accrue des cours du pétrole entraîne une baisse plus rapide des investissements des entreprises que l'augmentation observée dans les industries susceptibles de profiter de la faiblesse du dollar canadien par rapport au billet vert. «Les ajustements complexes de l'économie à la baisse des termes de l'échange du Canada continueront à s'opérer pendant la période de projection», précisent les autorités monétaires.

Le scénario automnal est fragilisé par deux grandes inconnues au moment de sa rédaction : les effets des engagements du nouveau gouvernement libéral sur l'économie et l'ampleur de la révision des comptes nationaux que doit publier Statistique Canada le mois prochain.

Dans le premier cas, la Banque n'intégrera à son scénario la prochaine politique fiscale qu'au moment de l'adoption d'un budget qui doit préciser la nature des investissements en infrastructures et des modifications aux formules d'imposition promises durant la campagne électorale.

Dans le second, il faudra voir dans quelle mesure les révisions qui viseront les trois dernières années modifieront le bilan de santé de l'économie canadienne.

Voilà en partie pourquoi son estimation de la production potentielle de l'économie canadienne est beaucoup plus approximative que par le passé.

La Banque reconnaît toutefois qu'elle est plus proche de 1,6% en 2015 que l'estimation de 1,8% qui prévalait jusqu'ici.

Pour 2016 et 2017, elle la situe dans des fourchettes de 1,4% à 2,2% et de 1,3% à 2,3%. Elle précise toutefois que «la croissance de la production potentielle se situera plutôt dans le bas de la fourchette», si rien ne change.

La mesure de la production potentielle, une donnée essentielle pour estimer la trajectoire de l'inflation, reste difficile à prendre avec précision.

La Banque postule aussi que la nouvelle baisse des cours du pétrole ralentira l'inflation, même si la fermeture de raffineries dans le Midwest américain n'entraîne pas des diminutions des prix de l'essence aussi importantes que celles qui auraient lieu normalement.

Le rythme d'inflation globale restera sous la cible de 2% durant 2016 mais reviendra à 2% dès le début de 2017, soit un an et demi environ avant que l'économie canadienne ne fonctionne à pleine capacité, selon l'estimation qu'en fait la Banque maintenant.

La prochaine date de fixation du taux directeur est le 2 décembre.