Le service de vidéo en ligne Netflix continue de progresser à l'international mais a eu la mauvaise surprise d'enregistrer un ralentissement imprévu de la croissance de son nombre d'utilisateurs aux États-Unis au troisième trimestre.

Dans sa lettre trimestrielle aux actionnaires, l'acteur de référence de la vidéo en streaming revendique mercredi un peu plus de 69 millions d'utilisateurs à la fin septembre, soit une augmentation de 3,62 millions en trois mois.

C'est un peu mieux que les 3,55 millions qu'il avait dit attendre, mais aux États-Unis, le gain se limite à quelque 880 000 utilisateurs, contre 1,15 million attendu.

Netflix a invoqué des pertes «involontaires» d'abonnés, sous l'effet de la transition vers les cartes bancaires à puce dans ce pays qui aurait provoqué des rejets de paiements.

Les chiffres du troisième trimestre ne reflètent en revanche pas encore des augmentations de prix annoncées la semaine dernière dans plusieurs pays dont les États-Unis.

Même si la concurrence se fait croissante, avec une multiplication des services de streaming aux États-Unis où des chaînes comme HBO, CBS ou Showtime viennent s'ajouter aux rivaux traditionnels du service comme Amazon Prime ou Hulu, la direction du groupe s'est voulue rassurante.

Lors d'une téléconférence avec des analystes, elle a indiqué: «Il y a beaucoup de concurrents, mais ça a toujours été le cas», les consommateurs devant depuis le départ choisir entre le service et l'offre étendue des chaînes câblées par exemple.

L'international a sauvé la mise au troisième trimestre, avec 2,74 millions de nouveaux abonnés là où le groupe n'en attendait que 2,4 millions.

Netflix est en train d'accélérer ses lancements dans de nouveaux pays, avec l'objectif affiché d'être présent dans le monde entier d'ici fin 2016: il vient de débuter son service au Japon, et arrivera la semaine prochaine en Espagne, en Italie et au Portugal.

L'expansion coûte cher

Netflix dépense aussi beaucoup dans des contenus exclusifs ou originaux. Il a encore mis en ligne récemment une série originale à gros budget, «Narcos», a des productions en cours ou planifiées en France («Marseille»), au Mexique, au Brésil ou en Italie, et sort vendredi son premier film, «Beasts of no Nation» avec Idriss Elba. La société ambitionne même de décrocher un oscar.

Au total, ses dépenses pour des contenus se sont chiffrées à 10,4 milliards de dollars au troisième trimestre (+17%), mais son bénéfice net est tombé à 29 millions de dollars contre 59 millions un an auparavant.

Son chiffre d'affaires a progressé dans le même temps de 23% à 1,7 milliard de dollars, un niveau à peu près conforme aux attentes des analystes. Mais le bénéfice par action, qui sert de référence à Wall Street, a manqué d'un cent leur prévision moyenne, à 7 cents.

D'ici la fin de l'année, Netflix dit vouloir arriver à un peu plus de 74 millions d'utilisateurs, avec des gains nets attendus au quatrième trimestre de 1,65 millions aux États-Unis et de 3,50 millions à l'international.

Le groupe dit en revanche viser un bénéfice par action de 2 cents, deux fois moins élevé que la prévision actuelle du marché.

Ces annonces ont initialement fait plonger l'action Netflix dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street. Elle a un peu réduit ses pertes par la suite, et lâchait 3,27% à 106,62 dollars vers 23H15 GMT.