L'arrivée du Canadien de Montréal a permis à TVA Sports de plus que tripler ses parts de marché, mais son concurrent RDS reste la chaîne sportive la plus regardée au Québec, avec des parts de marché supérieures de 57% à celles de TVA Sports au cours de la dernière année.

En 2014-2015, première année de télédiffusion où les deux chaînes sportives se partageaient la diffusion des matchs du Canadien de Montréal, RDS a eu 3,6% des parts de marché de la télé francophone au Québec, comparativement à des parts de marché de 2,3% pour TVA Sports. L'année précédente, RDS avait 5,5% des parts de marché et TVA Sports, 0,7%.

«C'est très proche de ce à quoi nous nous attendions. Avec toutes les chaînes de la famille RDS, nous pensions conserver entre 58% et 60% de l'écoute sportive et nous en avons conservé 62%. Nous avons mieux fait que nos prévisions», dit Gerry Frappier, président de RDS.

Le Groupe TVA a décliné la demande d'entrevue de La Presse au sujet de sa chaîne TVA Sports.

Point de vue de la publicité

Le milieu de la publicité n'est pas surpris par ces chiffres. Dans la catégorie des 25-54 ans, très prisée des annonceurs, l'agence Cossette prévoyait que TVA Sports aurait 2,4% des parts de marché en 2014-2015. Le résultat final: 2,5%. «C'est dans nos attentes. En dehors du hockey, RDS génère encore des auditoires plus élevés [que TVA Sports]», dit Francine Marcotte, vice-présidente et directrice de l'agence Cossette Média.

Depuis un an, TVA Sports est diffuseur officiel francophone de la Ligue nationale de hockey (LNH) - ce qui inclut notamment les matchs du CH le samedi soir et les séries éliminatoires -, tandis que RDS diffuse une soixantaine de matchs du CH en saison. RDS a été l'unique diffuseur télé des matchs nationaux de la LNH et du Canadien de Montréal de 2002 à 2014.

La nouvelle réalité des droits de diffusion de la LNH pèse lourd dans les cotes d'écoute. Un exemple? Au mois de mai dernier, en pleine frénésie des séries éliminatoires de la LNH diffusées à TVA Sports, la chaîne de Québecor avait 6,7% des parts de marché, comparativement à 2,1% pour RDS. «C'est beaucoup une question de droits [télé]», résume Francine Marcotte, vice-présidente et directrice de Cossette Média, qui s'attend à peu de changements dans les parts de marché des deux chaînes sportives en 2015-2016, notamment en raison de la présence des Jeux olympiques de Rio à l'antenne de Radio-Canada et RDS.

Si RDS se dit confiant de rester au sommet des chaînes sportives, c'est surtout en raison de sa grille de programmation, «plus diversifiée et équilibrée», selon son président Gerry Frappier. Les deux chaînes se livrent aussi une bataille de cotes d'écoute lors des émissions d'avant-match et d'après-match, beaucoup moins chères à produire. «Je suis très conscient que le taux de rétention des autres émissions peut changer», dit Gerry Frappier.

Guerre de chiffres

La rivalité entre RDS et TVA Sports a augmenté d'un cran à l'extérieur des ondes au printemps dernier alors que les deux chaînes sportives ont croisé le fer par lettres interposées aux agences de publicité sur la façon de mesurer leurs parts de marché. RDS n'a pas apprécié que TVA Sports mentionne, dans ses communications avec les agences, ses cotes d'écoute d'abord sur quelques semaines puis une autre fois sur cinq mois et demi (de janvier à la mi-juin 2015, RDS et TVA Sports avaient toutes deux 44% des cotes d'écoute sportives).

«Ils [TVA Sports] ciblent des informations pour donner des conclusions qui ne reflètent pas la réalité, dit Gerry Frappier, président de RDS. Une chaîne de télé opère sur 12 mois. C'est de bonne guerre de tout faire [pour attirer des annonceurs], mais là où je ne suis pas d'accord, c'est quand il n'y a pas de transparence ni d'objectivité.»

De juillet 2014 à juillet 2015, TVA Sports est passé de 1,7 à 2,1 millions d'abonnés. Au cours de la dernière année, le nombre d'abonnés de RDS a diminué de «2% à 3%» selon Gerry Frappier. RDS est passée de 3,51 millions à 3,24 millions d'abonnés entre août 2012 et août 2014.