Les syndiqués de l'imprimerie Mirabel de Québecor, en lock-out depuis mardi, ont reçu une offre «stupéfiante» au début de l'année. La direction aurait offert une somme globale de 15 millions en indemnités de départ à une cinquantaine d'employés... conditionnelle au fait que les travailleurs restants acceptent une baisse équivalente de leur masse salariale.

Stéphane Lacroix, porte-parole du syndicat des Teamsters, affirme que cette proposition «incroyable» a été faite verbalement par le négociateur patronal en janvier dernier. Selon ce scénario, environ la moitié des syndiqués du groupe des presses de Mirabel - pressiers, électriciens, mécaniciens et manutentionnaires - aurait touché une indemnité de départ. La cinquantaine d'employés restants aurait, quant à elle, subi d'importantes coupes.

«C'était une manière pour l'employeur de diviser les travailleurs, de les désolidariser, a lancé M. Lacroix à La Presse Affaires. Et en plus, ces économies allaient être répercutées ailleurs dans la convention collective.»

Cette offre inusitée aurait représenté des indemnités de départ d'environ 300 000$ par travailleur, selon un calcul sommaire. Les travailleurs de la section locale 555 M des Teamsters l'ont refusée net, indique leur porte-parole. «Ceux qui se sont fait offrir les primes ont dit: ça n'a pas de bon sens, on ne veut pas faire ça, parce que ça aurait eu des impacts négatifs sur ceux qui restent.»

Québecor répond

Du côté de Québecor Média, on souligne que les négociations formelles en vue du renouvellement de la convention collective ont seulement commencé en avril dernier.

«Plusieurs hypothèses ont été avancées pour sauver le secteur commercial bien avant les négociations, a indiqué la porte-parole Véronique Mercier. Nous ne commenterons pas de possibles discussions exploratoires ou informelles qui ont eu lieu bien avant le temps des négociations.»

Mme Mercier insiste toutefois sur le fait qu'il n'a «jamais» été question de l'offre de 15 millions à la table de négociations, après le début du processus formel. «Dans la présente négociation, nous ne remettons pas en cause ni les conditions de travail, ni l'entente sur la sécurité d'emploi. Notre enjeu principal est relié à notre capacité de faire des mises à pied.»

Imprimerie Mirabel demandait depuis des mois aux représentants du syndicat de ratifier un «protocole en cas d'échec des négociations», un document qui n'a jamais été signé. Confrontée à un cul-de-sac dans les pourparlers, la direction a décrété un lock-out il y a quatre jours.

Le Journal de Montréal, Le Devoir et le 24 H continuent d'être imprimés en vertu d'un plan de contingence. Un arbitre devrait être nommé bientôt afin de dénouer l'impasse dans les négociations.