Après quelques mois d'hésitation, les exportations du Québec ont finalement commencé à reprendre du poil de la bête en juin, principalement grâce à la demande des États-Unis ainsi qu'à la faiblesse du huard.

Désaisonnalisées et en dollars constants, aux prix de 2007, elles ont ainsi progressé de 11,8% - pour atteindre près de 7,2 milliards - alors que la croissance canadienne pour la même période s'est chiffrée à 4,6%, d'après des données divulguées mercredi par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

En mai, les exportations avaient affiché une timide hausse de 0,6%. Pour les six premiers mois de l'année, le volume cumulatif est supérieur de 6,6% au niveau de la période correspondante de 2014.

La glissade du dollar canadien a certainement donné un coup de pouce au Québec, concède l'économiste principale du Mouvement Desjardins Hélène Bégin, mais elle estime néanmoins que la performance au mois de juin s'explique principalement par l'appétit de nos voisins du sud.

«C'est la bonne performance de l'économie américaine, avec une hausse (du produit intérieur brut) de 2,3% au deuxième trimestre, souligne-t-elle au cours d'un entretien téléphonique. On devrait terminer l'année d'une belle façon là-bas.»

Mme Bégin rappelle que les États-Unis ont tourné la page sur des «facteurs temporaires», comme les mauvaises conditions météorologiques hivernales ainsi qu'une grève dans les ports de la côte ouest, qui avaient freiné la croissance du PIB au premier trimestre.

Les exportations chez nos voisins du sud ont augmenté de 19,3% et représentent 74,3% des produits envoyés à l'étranger. Elles ont aussi progressé vers l'Asie (31,8%), mais se sont repliées de 15,2% vers l'Europe.

Pour les 25 principaux produits exportés par le Québec, sur une base désaisonnalisée, 15 - dont les aéronefs, les minerais et concentrés de fer ainsi que ceux de l'aluminium - ont affiché une hausse en juin.

Les diminutions les plus notables ont entre autres été observées du côté du diesel, des machines pour le commerce ainsi que les industries de services.

De son côté, l'économiste principal à la Banque National Marc Pinsonneault a qualifié le rebond de «rafraîchissant», soulignant au passage que le déficit commercial international de la province avait fondu de 932 millions pour s'établir à 450 millions en juin, par rapport à 1,38 milliard en mai.

«Pour l'ensemble de 2015, nous comptons sur une progression du total du volume des exportations internationales du Québec d'environ 3,5%», écrit-il dans une note d'analyse.

En juin, le Canada avait affiché un déficit commercial de 476 millions, largement inférieur à celui de 3,4 milliards observé en mai, ce qui s'explique, selon Statistique Canada, par la hausse des exportations dans plusieurs secteurs, dont celui des biens de consommation.

Quant à elles, les importations québécoises ont fléchi de 1,7% en juin, alors que le recul a été de 1,5% au Canada. Leur volume cumulatif pour les six premiers mois de 2015 est supérieur de 1,9% par rapport à la même période l'année dernière. Davantage de produits ont été importés des États-Unis, mais des baisses ont été constatées du côté de l'Europe et de l'Asie.

Pour 2015, Mme Bégin et M. Pinsonneault estiment par ailleurs que la croissance du PIB québécois devrait osciller respectivement autour de 1,5% et 1,6%.

En dépit de la bonne performance des exportations en juin, l'économiste principale du Mouvement Desjardins a rappelé que d'autres indicateurs de l'économie québécoise continuaient d'éprouver des difficultés.

«La consommation demeure hésitante et le secteur résidentiel est en ralentissement, observe Mme Bégin. On compte beaucoup sur le commerce extérieur. De ce côté, la tendance haussière devrait se poursuivre.»