Samsung Electronics a annoncé mardi s'attendre à une baisse de ses résultats au deuxième trimestre en raison de retards de production et du moindre succès du Galaxy S6, rival de l'iPhone qui connaît un franc succès dans le monde entier.

Le groupe sud-coréen prévoit un bénéfice opérationnel de 6.900 milliards de wons (5,5 milliards d'euros) sur la période avril-juin, en baisse de 4,03% sur un an, soit un 7e recul consécutif de ses résultats trimestriels.

Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg News attendaient pour ce trimestre un résultat d'exploitation positif de 7200 milliards, inchangé par rapport à la période correspondante de 2014.

Il s'agit néanmoins d'une progression de 15% par rapport au premier trimestre de l'exercice courant, ce qui explique que le titre Samsung, en baisse de 7,2% depuis le début de l'année, se soit apprécié dans la foulée de cette annonce, terminant en hausse de 0,8%.

Le chiffre d'affaires devrait ressortir à 48.000 milliards de wons, en repli de plus de 8% sur un an mais en hausse de près de 2% par rapport au trimestre précédent. Les analystes escomptaient 53 000 milliards.

Les résultats trimestriels audités seront publiés à la fin du mois.

«Les ventes des Galaxy S6 ont été nettement moins solides qu'espéré», à la fois parce qu'ils peinent à s'imposer face à l'iPhone et parce que le Galaxy S6 Edge, équipé d'un écran incurvé, connaît des retards de production, note Greg Roh chez HMC Investment Securities Co.

L'ombre d'Apple 

«Les Galaxy S6 ont pas mal marché au début mais Samsung a sous-estimé la demande du marché pour le modèle Edge», confirmaient les analystes de KB Investment & Securities Co. dans une note du 3 juillet citée par Bloomberg.

Pour tenter de redresser la barre, Samsung aurait lancé la production d'écrans incurvés dans une troisième usine avec deux mois d'avance, ce qui lui permet de doubler les volumes de production mensuels à 5 millions.

Après avoir pris des coups considérables en 2014 dans un contexte de ralentissement de la demande et de marché sursaturé, le Sud-Coréen plaçait tous ses espoirs dans la dernière mouture de sa gamme phare.

Le Galaxy S6 et le S6 Edge, lancés en avril, avaient été salués par des critiques dithyrambiques et Samsung pariait sur une hausse de son chiffre d'affaires au deuxième trimestre lorsque les ventes seraient «en plein essor».

Pari perdu, donc, même si le Sud-Coréen a sans doute limité la casse, comme au cours des précédents trimestres, grâce aux ventes de ses puces mémoires en croissance constante, secteur pour lequel il investit des milliards d'euros afin de conserver son avantage.

Samsung avait pourtant récupéré au premier trimestre sa couronne de numéro un mondial des téléphones intelligents cédée à Apple au quatrième trimestre 2014, selon les chiffres du cabinet Gartner.

Mais Apple a depuis renforcé sa présence en Chine où il est devenu le premier vendeur. Samsung est également à la peine dans les téléphones d'entrée de gamme ou de gamme intermédiaire face aux constructeurs chinois comme Xiaomi et Lenovo.

Succession au sommet 

La maison de courtage Samsung Securities Co. a abaissé en juin ses prévisions de vente pour les Galaxy S6 à 45 millions d'unités en 2015, contre 50 millions estimés précédemment. Selon ses calculs, Samsung vendra un total de 78 millions de téléphones cette année, contre 85 millions en 2014.

Le titre Samsung a par ailleurs bénéficié mardi du rejet définitif par la justice sud-coréenne d'une série de recours introduits par un fonds spéculatif contre une fusion de filiales.

Le fonds américain Elliott Associates LP s'opposait à la fusion de Samsung C&T Corp dont il est actionnaire, et Cheil Industries, opération visant à renforcer le contrôle de la famille fondatrice du géant sud-coréen au moment où elle prépare une succession au sommet.

Samsung est un «chaebol», vaste empire diversifié constitué de dizaines de divisions, dont l'emblématique Samsung Electronics, générant au total un revenu équivalant à 20% du produit intérieur brut de la Corée du Sud.

Ces dernières années, le groupe actuellement dirigé par le fils de son fondateur, Lee Kun-Hee, a fusionné, scindé ou introduit en Bourse des entités en vue d'assurer sa succession.