La justice sud-coréenne a tranché mercredi en faveur de la fusion de deux divisions du groupe Samsung, rejetant le recours introduit par le fonds spéculatif américain Elliott Associates LP.

Le fonds américain avait saisi la justice pour lui demander d'empêcher le projet de fusion visant à renforcer le contrôle de la famille fondatrice du géant sud-coréen au moment où elle prépare une succession au sommet.

«Le tribunal a rejeté le recours d'Elliott», a déclaré le greffe à l'AFP.

Aux termes de ce projet, Cheil Industries (ex-Everland), la holding de fait du groupe Samsung dont les activités vont de la mode aux parcs de loisirs, va acquérir Samsung C&T, présente dans le commerce et la construction.

Cheil va offrir 0,35 nouvelle action pour chaque action Samsung C&T.

Une réunion des actionnaires est prévue le 17 juillet.

Le fonds Elliott Associates, contrôlé par Paul Elliott Singer, est le troisième plus gros actionnaire de Samsung C&T avec une participation de 7,1%.

Il estimait que l'offre de Cheil était «nettement sous-évaluée». Il faisait en outre valoir que la «reprise proposée n'était manifestement pas dans le meilleur intérêt des actionnaires de Samsung C&T».

«L'offre a été calculée en fonction des lois pertinentes (....) et ne peut être décrite comme injuste», a estimé le tribunal. «Il n'y a pas non plus d'éléments qui montreraient que cette fusion a uniquement pour but de conforter les intérêts des membres de la famille du groupe Samsung sans tenir compte des intérêts des autres actionnaires», a ajouté le tribunal dans ses attendus.

La division fusionnée, qui reprendra le seul nom de Samsung C&T, vise un chiffre d'affaires annuel de 6000 milliards de wons (4,7 milliards d'euros) en 2020, un quasi doublement par rapport aux revenus pro forma de 2014.

Samsung est un «chaebol», vaste empire diversifié constitué de dizaines de divisions, dont l'emblématique Samsung Electronics, numéro un mondial des téléphones portables et des écrans de télévision, générant au total un revenu équivalant à 20% du produit intérieur brut de la Corée du Sud.

Samsung (qui signifie «Trois étoiles») a été créé en 1938 par Lee Byung-Chull, fils d'un riche propriétaire terrien. Depuis, la petite société de commerce a étendu sa toile dans le monde entier et son nom symbolise le formidable redressement économique et moral de la Corée du Sud après la guerre contre le Nord communiste (1950-53).

Ces dernières années, le groupe actuellement dirigé par le fils de son fondateur, Lee Kun-Hee, a fusionné, scindé ou introduit en Bourse des entités en vue d'assurer sa succession et de simplifier une structure de plus en plus opaque.

Sujet à des problèmes cardiaques, Kun-Hee doit passer la main à son seul fils, Lee Jay Yong (également connu sous le nom de Jay Y. Lee), et ce faisant renforcer le contrôle du conglomérat par la famille, en particulier via Cheil, introduite en Bourse l'an dernier.