Le géant chinois du commerce en ligne Alibaba a annoncé mardi qu'il se séparait de son site de vente en ligne «11 Main», sa vitrine aux États-Unis, qui depuis son lancement l'an dernier avait eu du mal à prendre son essor.

Quelques mois avant son introduction boursière en fanfare à Wall Street, Alibaba avait inauguré en juin 2014 «11 Main», une plate-forme de vente premium mettant en avant des créateurs choisis et des petites entreprises américaines.

Mais face aux mastodontes locaux Amazon et eBay, sur un marché américain saturé, le site a eu du mal à afficher une identité propre et à trouver son public, malgré 2000 vendeurs revendiqués.

Alibaba a indiqué mardi avoir conclu un accord avec OpenSky -opérateur américain d'une plate-forme de vente en ligne concurrente- pour lui céder 11 Main.

Toutefois, «Alibaba conservera une participation minoritaire significative» dans l'entité combinée de 11 Main et d'OpenSky, a précisé le groupe chinois dans une déclaration transmise à l'AFP.

«OpenSky et 11 Main vont joindre leurs forces (...) pour former une entreprise indépendante solide et saine», proposant «plus de 50 000 des marques les plus créatives du monde» à «des millions de consommateurs», poursuivait le communiqué, sans livrer de détails financiers.

Selon le Wall Street Journal, Alibaba prendrait une participation de 37,6% dans OpenSky, et le site 11 Main continuera pour l'instant de fonctionner de façon distincte.

11 Main était perçu comme une façon pour Alibaba -qui souhait afficher avant son introduction en Bourse ses ambitions internationales- de tester le terrain aux États-Unis.

Il s'agissait «d'apporter quelque chose d'incroyablement unique sur le marché américain», selon les mots de Michael Zeisser, président des investissements d'Alibaba aux États-Unis.

Mais le site, dont les performances financières n'ont pas été rendues publiques, a eu du mal à tenir ses promesses.

De l'avis des experts, 11 Main n'était pas une priorité pour le géant chinois, qui préfère pour le moment jouer les intermédiaires et concentrer ses efforts sur l'accès de firmes occidentales à un marché chinois en plein essor.

La stratégie affichée du groupe aux États-Unis est d'ailleurs «d'aider les petites entreprises et marques américaines (...) à vendre leurs produits à des consommateurs chinois toujours plus nombreux».

De fait, le marché chinois du commerce électronique connaît une spectaculaire croissance (les ventes en ligne ont bondi de 25% l'an dernier en Chine) et il reste très largement dominé par les plateformes d'Alibaba.

Le groupe a réalisé sur l'exercice 2014/2015 83% de son chiffre d'affaires en Chine, même si son fondateur Jack Ma affiche volontiers son ambition de continuer à internationaliser son entreprise pour atteindre un jour «les deux milliards d'utilisateurs».

Alibaba ne compte ainsi pas se désintéresser des États-Unis, où il accroît régulièrement sa présence: il a racheté en mai un peu plus de 9% de la plateforme américaine de vente en ligne Zulily.

Des médias avaient également rapporté en mars un investissement de 200 millions de dollars dans le service de messagerie éphémère Snapchat.

Alibaba a enregistré un bond de 45% de son chiffre d'affaires sur les trois premiers mois de 2015, mais a vu son bénéfice plonger de presque moitié sur la période.

Au 31 mars, il comptait 350 millions d'utilisateurs actifs sur ses sites.