L'économie canadienne a continué d'envoyer des messages mitigés vendredi, en affichant une inflation en hausse et des ventes au détail en baisse, ce qui laisse croire que la reprise continue d'avoir de la difficulté à prendre racine.

L'inflation annuelle s'est établie à 0,9 % en mai, après avoir été de 0,8 % en avril, la hausse des prix des aliments ayant eu le dessus sur la baisse des prix de l'énergie, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Mais les ventes au détail ont aussi reculé de 0,1 % en avril, à 42,5 milliards $, après avoir grimpé lors des deux mois précédents, a indiqué l'agence fédérale. Les économistes misaient plutôt sur une croissance de 0,7 % des ventes.

Selon l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, ces données sans direction claire caractérisent bien l'activité économique depuis le début de l'année.

«Cela a tendance à se produire lorsque des gros changements se mettent en place, alors que franchement, l'économie suit en titubant, à un taux de croissance relativement lent», a observé M. Porter.

«Ce qu'il faut retenir ici, c'est que l'inflation est toujours relativement effacée, malgré le retour des prix de l'essence, et les dépenses au détail sont faibles, essentiellement en raison des difficultés dans des régions qui ont précédemment été les plus vigoureuses du pays.»

M. Porter a en outre souligné que les données sur l'inflation étaient celles du mois de mai, tandis que celles sur les ventes au détail visaient le mois d'avril.

«Cela complique encore un peu les choses», a-t-il estimé.

Les économistes doivent composer avec une série de données en dents de scie, ces dernières semaines, tout en tenant compte du fait que l'économie s'est contractée au rythme annuel de 0,6 % pendant les trois premiers mois de l'année.

Plus tôt cette semaine, Statistique Canada indiquait que les ventes des usines avaient diminué de 2,1 % en avril et que les ventes des grossistes avaient grimpé de 1,9 %, soit davantage que prévu, pendant ce même mois.

L'économiste adjointe de la Banque Royale Dawn Desjardins comprend malgré tout, à la vue du portrait d'ensemble des récentes données, pourquoi la Banque du Canada prévoit que l'économie prendra du mieux au deuxième trimestre.

«La combinaison d'une vigoureuse activité sur le marché de l'habitation et les fermes ventes des grossistes devraient plus que compenser la mauvaise performance du secteur manufacturier et la faiblesse des ventes des détaillants en avril», a estimé Mme Desjardins dans un rapport.

Selon Statistique Canada, l'inflation a avancé par rapport à l'an dernier en raison des hausses de prix observées dans sept des huit composantes principales de l'indice des prix à la consommation, en particulier celles des aliments. L'indice des prix du transport, qui comprend les prix de l'essence, a reculé.

L'inflation de base de la Banque du Canada, qui exclut certains produits dont les prix sont plus volatils, s'est établie à 2,2 % en mai. Les économistes s'attendaient en moyenne à ce qu'elle soit de 2,1 %.

Les prix de l'énergie ont reculé de 11,8 % par rapport à l'an dernier, une baisse alimentée par une diminution de 17,4 % des prix de l'essence. Les prix du gaz naturel ont retraité de 14,4 % tandis que ceux du carburant ont échappé 18,6 %. En excluant les prix de l'énergie, l'indice des prix à la consommation du mois de mai a avancé de 2,2 % par rapport à l'an dernier.

Parmi les principaux vecteurs de la hausse annuelle des prix se trouvaient les prix de la viande, qui ont grimpé de 7,9 %, tandis que les prix des aliments achetés dans les restaurants ont gagné 2,9 %. Les prix des services téléphoniques ont avancé de 5,2 %, pendant que ceux des véhicules automobiles ont gagné 1,8 %.

Les prix de l'assurance habitation et hypothécaire ont grimpé de 8,3 %.

Les prix ont grimpé par rapport à l'an dernier dans neuf provinces, la Saskatchewan ayant affiché la croissance la plus prononcée avec un gain de 1,5 %. Les prix de l'Île-du-Prince-Édouard ont pour leur part reculé sur une base annuelle pour un sixième mois de suite.

Sur une base mensuelle, en données désaisonnalisées, l'indice des prix à la consommation a avancé de 0,4 % en mai, après avoir reculé de 0,1 % en avril.