L'équipementier en télécoms américain Cisco investira plus de 10 milliards de dollars en Chine «sur les prochaines années», a-t-il assuré jeudi, désireux de conforter sa position, notamment face à son rival local Huawei, sur un marché en plein essor mais politiquement sensible.

Poids lourd du secteur technologique, fabricant de routeurs, de commutateurs de réseaux et offrant des services dématérialisés en ligne («cloud»), Cisco entend utiliser ces investissements pour développer «l'innovation (...), la recherche et le développement, les créations d'emploi».

Mais aucun projet précis n'est mentionné dans le communiqué, pas plus que l'éventuel horizon auquel ils se concrétiseront.

Cet ambitieux plan d'investissement s'inscrit dans le cadre d'un protocole d'accord conclu entre Cisco et la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC), puissant organe chinois de planification économique.

Cette annonce intervient peu après des entretiens entre des dirigeants du groupe américain et plusieurs hauts responsables politiques chinois, dont le vice-premier ministre Wang Yang.

Le marché chinois des nouvelles technologies est en très forte croissance - mais également redoutablement concurrentiel, en particulier face à son rival local Huawei, devenu un mastodonte mondial des équipements télécoms.

Huawei a d'ailleurs affiché son intention de lancer cet été des services en «cloud» sur le territoire chinois.

Surtout, ce marché est devenu de plus en plus difficile pour les entreprises étrangères: Pékin promeut ouvertement les champions nationaux et durcit ses contrôles sur les firmes technologiques étrangères, au nom de la «protection des intérêts chinois».

Le secteur avait également été agité par des enquêtes antitrusts très médiatisées. Le fabricant américain de puces Qualcomm avait ainsi écopé en février d'une amende de près d'un milliard de dollars pour «pratiques monopolistiques».

Pékin avait par ailleurs présenté en mars un projet de «loi antiterroriste» exigeant des firmes technologiques qu'elles fournissent les codes de leurs programmes, un texte vivement critiqué par le président américain Barack Obama.

Les entreprises américaines déplorent depuis longtemps le traitement jugé inéquitable que leur font subir les autorités chinoises.

John Chambers, l'ancien patron emblématique de Cisco, avait reconnu en 2013 que la défiance des régulateurs chinois et les controverses entre Pékin et Washington sur les questions de sécurité handicapaient le développement de Cisco dans le pays, rappelait Bloomberg.

À l'inverse, Huawei a été banni des marchés publics d'infrastructures télécoms aux États-Unis pour des raisons de sécurité nationale.

Cisco a par ailleurs signé des accords avec une centaine d'universités chinoises pour mettre sur pied un programme de formation des «talents chinois» en ingénierie et aider le pays «à innover et à se mondialiser», ajoutait le communiqué.