Les journaux régionaux sont au coeur d'une révolution sans précédent et ils doivent innover pour demeurer pertinents, a plaidé mardi Martin Cauchon lors d'une allocution à Toronto, où il a partagé sa vision de l'avenir des médias écrits.

Le président directeur de Groupe Capitales Médias a pris la parole devant le Club canadien de Toronto, une organisation qui regroupe plusieurs acteurs économiques et sociaux francophones de la Ville reine.

«La dernière fois que je suis venu ici, c'était à titre de ministre. Maintenant, c'est comme propriétaire de médias», a lancé d'entrée de jeu M. Cauchon, nouveau propriétaire des six quotidiens régionaux québécois.

À la mi-mars, l'ancien ministre libéral fédéral a acheté de Gesca ses six quotidiens régionaux, soit Le Soleil (Québec), Le Droit (Gatineau/Ottawa), Le Nouvelliste (Trois-Rivières), La Tribune (Sherbrooke), Le Quotidien (Saguenay) et La Voix de l'Est (Granby).

Devant les membres de la communauté franco-torontoise venus l'entendre, M. Cauchon a dressé un portrait de l'industrie médiatique au pays. Il a souligné que les médias canadiens emploient actuellement 30 000 personnes, mais que des changements sont en cour et que 4000 postes seront perdus d'ici 2020.

Martin Cauchon a indiqué que Capitales Médias se transformera d'un «groupe de journaux» en un «groupe de médias» qui misera sur des outils multimédias «adaptés à l'ensemble des couches démographiques».

«Il est loin d'être trop tard au niveau technologique. Il y a plus de solutions que jamais et à moindre coût. Dans trois ans ou quatre ans, le Club canadien va me réinviter et on aura alors gagné notre pari et, qui sait, peut-être qu'on aura d'autres journaux en Ontario», a-t-il lancé.

L'information de qualité est l'un des ingrédients pour l'avenir des médias dans le contexte actuel, a soutenu M. Cauchon. Cela permet de se différencier face à un nombre grandissant de sites internet qui n'accordent que peu d'importance à l'intégrité et la vérification des faits, selon lui.

M. Cauchon a dressé un parallèle entre les régions du Canada et le travail qu'il compte effectuer dans les différents marchés régionaux québécois où il est propriétaire d'un quotidien.

«J'ai toujours été passionné par le modèle canadien et quand j'ai décidé de me lancer, il y avait un peu de missionnariat. Quand on regarde le Canada, on retrouve plusieurs régions. Et un pays fier doit respecter ses régions et ses grandes villes en région», a-t-il plaidé.

Devant son public franco-ontarien, Martin Cauchon a longuement parlé du quotidien Le Droit d'Ottawa, affirmant qu'il avait joué un rôle fondamental en Ontario. «C'est un journal qui m'est cher. Le mandat a évolué, maintenant on dessert aussi l'Outaouais, mais on doit maintenir l'équilibre, en étant au service de la francophonie en Ontario, mais aussi du Québec», a-t-il dit.

Il a brièvement abordé la question des négociations en cours avec les employés du groupe Capitales Médias. «D'ici peu je crois que je vais pouvoir annoncer que le syndicat aura été un des éléments qui aura aidé au renouvellement de notre modèle d'affaires. On met sur pied un beau partenariat», a-t-il avancé.

Au terme de l'événement, M. Cauchon a dit à La Presse Canadienne qu'il estimait important de venir à Toronto pour faire connaître son groupe auprès des leaders francophones, mais aussi de la communauté d'affaires. «Plusieurs annonceurs nationaux sont ici, alors il faut assurer une présence», a-t-il précisé.