C'est jour d'anniversaire pour le studio de jeux vidéo montréalais du géant américain Warner Brothers, qui, après quelques tâtonnements, semble finalement avoir trouvé sa voie.

L'industrie montréalaise du jeu vidéo a connu une période faste au tournant de la décennie, quand trois studios majeurs, ceux de Funcom, THQ et Warner, ont annoncé leur venue en l'espace de quelques mois.

L'existence des deux premiers aura été de courte durée. Mais le bastion de Warner, lui, continue de progresser et comptera sous peu 500 employés à temps plein. Plus important encore, après quelques détours tortueux, Warner Montréal semble avoir trouvé sa voie.

« Il y a eu quelques changements d'orientation. Mais là, on est résolument dans les superproductions. », affirme Martin Carrier, directeur général du studio Warner Brothers de Montréal.

Rappelons la sinuosité du parcours. Le jour de l'annonce de sa venue à Montréal, la haute direction de Warner avait fait miroiter l'intention de se lancer dans la conception de superproductions articulées autour des nombreuses propriétés intellectuelles du groupe, notamment celles de DC Comics. C'était en mars 2010.

À peine six mois plus tard, en septembre, Warner Montréal annonçait un changement de stratégie. Elle allait se consacrer à de plus petits projets, notamment sur les plateformes mobiles. Sa liste de réalisations depuis est hétéroclite : un jeu en ligne pour enfants sur PC (Cartoon Universe), une version Wii U d'un jeu de la série Batman (Armored Edition), un épisode complet de la même franchise (Arkham Origins) et un autre jeu en ligne sur PC et appareils Apple (Lego Legends of Chima Online).

Ces projets ont permis à l'équipe de Warner de grandir et développer ses méthodes, si bien qu'elle consacre maintenant toutes ses énergies à deux superproductions qui ne verront pas la lueur du jour avant encore deux ou trois ans.

« Nous sentons après cinq ans que nous avons les reins assez solides pour entreprendre deux projets comme ceux-là, témoigne M. Carrier. Ça prend du temps, monter une organisation capable de compétitionner avec les meilleures et je pense que nous sommes rendus à cette étape-là. Il a fallu du temps pour aller chercher les bonnes personnes et les convaincre de notre crédibilité, au-delà du nom Warner. Leur montrer que nous avons le savoir-faire. »

Marché changeant

Il y a une question de personnel et d'expertise, donc, mais aussi de changements survenus dans le marché du jeu vidéo.

« Il ne faut jamais sous-estimer la vitesse à laquelle ce marché peut changer. La nouvelle génération de consoles a étonné beaucoup de gens par sa vigueur. On s'amuse à prédire chaque année la fin des consoles, mais on voit bien que ce n'est pas le cas. », explique M. Carrier.

La PlayStation 4 de Sony et la Xbox One de Microsoft fracassent en effet toutes deux les prévisions et le rythme de vente des premières années de leurs prédecesseures respectives. Ces résultats ont d'ailleurs permis aux principaux éditeurs de jeux pour ces consoles inscrits en Bourse de surprendre les analystes lors des derniers trimestres.

« Il y a aussi une opportunité dans le marché due au fait que quelques joueurs dans le marché ont été élagués. Des gens capables de faire ces grosses productions, il n'y en a plus tant. Nous, nous avons les moyens de jouer dans cette cour-là et en plus, c'est la force de l'industrie à Montréal que de pouvoir mener à bien ces gros projets. »

Quartier en efferverscence

D'abord un peu isolé dans son secteur de la ville, à la Place Dupuis, le studio montréalais de Warner se réjouit aussi de voir le quartier reprendre du poil de la bête.

« Avec LightSpeed qui s'installe dans la gare Viger, le CHUM et les nouveaux Jardins Gamelin, je sens qu'on est en train de rattacher les extrémités du quartier. Sans compter que d'ici cinq ans, il va sûrement se passer quelque chose avec l'îlot Voyageur. »

Warner compte recruter une soixantaine de nouveaux employés au cours des prochains mois. Leur nombre total devrait toutefois rester aux environs de 500, alors que les nouveaux, principalement des développeurs, remplaceront des spécialistes de l'assurance qualité qui viennent de terminer de tester plusieurs gros titres récemment lancés par Warner.