Même si elle réduisait la facture d'une expansion pancanadienne dans le secteur du sans-fil, la réglementation des frais d'itinérance par le CRTC ne sera pas suffisante pour inciter Québecor (T.QBR.B) à aller de l'avant, estiment des analystes.

Citant un niveau de concurrence insuffisant, l'organisme fédéral a gelé pour six mois les tarifs de gros chargés par Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]], Rogers [[|ticker sym='T.RCI.B'|]] et Telus [[|ticker sym='T.T'|]] jusqu'au dépôt de leurs propositions, d'ici le 4 novembre.

Néanmoins, pour le moment, la façon dont les trois plus grands fournisseurs au pays - qui contrôlent près de 90 % du secteur canadien des services sans fil - calculeront ces coûts demeure floue.

S'il qualifie d'«acceptable» pour Québecor la décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, estime que le conglomérat en aurait voulu plus.

«L'absence de changements (concernant le partage) des tours de transmission (...) représente un recul en ce qui a trait aux ambitions nationales de l'entreprise», écrit l'analyste dans une note de recherche.

Depuis plus d'un an, le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Dion, exhorte Ottawa à mettre en place des «conditions gagnantes» pour favoriser l'émergence d'un quatrième joueur national dans le secteur du sans-fil.

Il a entre autres dénoncé les frais d'itinérance facturés à une entreprise ayant recours au réseau d'une autre compagnie afin d'offrir du service sans fil dans des zones qui ne sont pas couvertes par son spectre de fréquences

À la veille de son assemblée annuelle, où ce dossier devrait s'inviter à l'ordre du jour, Québecor s'est limité à dire que la décision de l'organisme fédéral était un «pas dans la bonne direction».

«Les tarifs finaux qui seront déterminés par le CRTC seront cruciaux quant à la viabilité ou la non-viabilité d'une véritable concurrence», a fait valoir le conglomérat, mercredi, par voie de communiqué.

Malgré les changements décrétés, Maher Yaghi, de Desjardins Marchés des capitaux, a rappelé que Bell, Rogers et Telus avaient réussi à dominer le secteur du sans-fil parce qu'elles étaient en mesure d'offrir plusieurs services à leurs clients.

Il a reconnu que Vidéotron - qui compte 623 000 abonnés de téléphonie mobile - était capable d'appliquer cette stratégie au Québec, mais souligné que la filiale de Québecor ne possédait pas les mêmes avantages à l'extérieur de la province.

Selon l'analyste, 81 % de la clientèle québécoise de Vidéotron est abonnée à deux services ou plus, alors que 14 % en a acheté quatre.

«Nous réitérons que les entreprises qui offriront seulement la téléphonie mobile vont avoir de la difficulté à concurrencer les joueurs plus intégrés», fait-il valoir dans un rapport.

De plus, M. Yaghi estime que la décision du CRTC ne se traduira pas par l'instauration de frais d'itinérance suffisamment bas pour inciter le conglomérat québécois à se lancer rapidement dans une expansion pancanadienne.

Rappelant que le CRTC n'avait pas imposé des tarifs minimums d'itinérance, Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, a pour sa part indiqué qu'il ne voyait pas la direction du conglomérat prendre de décision à court terme.

«Les détails entourant les propositions (de Bell, Rogers et Telus) pourraient attendre jusqu'au premier trimestre de 2016, croit l'analyste. Nous croyons que Québecor va demeurer au Québec où elle performe.»

Outre le Québec, la société montréalaise possède des licences de spectre en Ontario, en Alberta ainsi qu'en Colombie-Britannique.

Dans l'ensemble, les analystes croient toujours à l'émergence d'un quatrième joueur à l'échelle nationale dans le secteur du sans-fil, même s'ils ignorent la forme qu'il pourrait prendre.

La possibilité d'un partenariat entre Québecor ainsi que la société ontarienne Wind Mobile a déjà été évoquée à maintes reprises. Questionné à cet effet le 19 mars dernier, le dirigeant du conglomérat, M. Dion, n'avait pas fermé la porte en indiquant qu'il n'y avait pas de «modèle précis» pour une expansion dans le reste du Canada.