Le plongeon des prix du pétrole brut a miné la confiance des entreprises vis-à-vis de la croissance de leurs ventes futures, de leurs investissements et de leurs embauches, révèle la plus récente édition de l'enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des sociétés.

Le sondage trimestriel réalisé par la banque auprès de 100 hauts dirigeants d'entreprises, dévoilé lundi, permet de croire que la baisse des prix du pétrole a réduit les prévisions de vente de plusieurs entreprises, même à l'extérieur du secteur de l'énergie.

«Les entreprises qui anticipent une nette diminution du volume de leurs ventes sont plus nombreuses que lors des enquêtes précédentes», indique le document.

L'enquête, réalisée entre le 17 février et le 12 mars, a aussi mis au jour des attentes réduites en ce qui a trait aux investissements dans les machines et l'équipement pour l'année à venir - particulièrement chez les entreprises productrices de biens et celles plus durement touchées par la baisse des prix du pétrole.

Les perspectives d'embauche ont aussi reculé à leur plus faible niveau depuis 2009, bien qu'elles restent positives.

«L'affaiblissement des intentions d'embauche touche la plupart des secteurs et régions, mais concerne plus particulièrement les entreprises liées au secteur de l'énergie, qui comptent réduire leurs effectifs en raison du niveau plus bas des prix du pétrole», précise le rapport.

Les attentes pour l'embauche, les ventes et les investissements étaient plus élevées dans le sondage de janvier de la banque, qui avait été réalisé du 17 novembre au 11 décembre, pendant que plongeaient les cours du pétrole. Depuis, les prix du brut sont restés faibles.

Il s'agissait de la première enquête sur les perspectives des entreprises de la banque centrale depuis que son gouverneur, Stephen Poloz, a pris les marchés par surprise en janvier en annonçant une réduction de son taux directeur. Il avait alors qualifié sa décision d'«assurance» contre l'impact économique attendu de la chute des prix du pétrole.

Le pétrole brut s'échange actuellement aux environs des 50 $ US le baril à la Bourse des matières premières de New York, comparativement à son sommet d'environ 107 $ US de l'été dernier.

L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a indiqué qu'il ne croyait pas que les résultats «stagnants» de l'enquête sur les perspectives augmentaient la probabilité de voir M. Poloz annoncer une nouvelle réduction du taux d'intérêt directeur de la banque centrale lors de son annonce prévue la semaine prochaine.

«Même si nous n'écartons pas cette possibilité, il faudra voir de nouvelles déceptions significatives pour nous rapprocher de cette possibilité», a écrit lundi M. Porter dans une note à ses clients.

L'enquête a en outre révélé qu'un nombre croissant de sociétés s'attendaient à voir diminuer leurs coûts de production en raison de la baisse des prix du pétrole - même si certains estiment que la faiblesse du dollar canadien va partiellement contrebalancer ces gains.

Selon la Banque du Canada, un plus grand nombre d'entreprises prévoient que la récente dépréciation du dollar canadien fera grimper les prix de leurs extrants légèrement plus rapidement au cours des 12 prochains mois.

Les perspectives de l'enquête au sujet de l'économie des États-Unis étaient solides, et la plupart des entreprises s'attendent à ce que le plus grand marché du Canada aide à faire grimper les ventes futures.

Plusieurs sociétés ont indiqué que la demande étrangère avait augmenté grâce à la dépréciation du dollar canadien. Mais les résultats de l'enquête soulignent que plusieurs entreprises s'attendent à ne voir apparaître que graduellement les avantages liés au taux de change et à la baisse des prix du pétrole.

Pour la première fois, la banque centrale a dévoilé lundi les résultats d'une de ses questions au sujet de l'intensité des pénuries de main-d'oeuvre.

Selon elle, les pénuries étaient «moins intenses» que l'an dernier, particulièrement au sein des régions et des secteurs liés au secteur énergétique.

Dans un rapport distinct, la Banque du Canada a indiqué lundi que les conditions du crédit aux entreprises restaient largement inchangées au premier trimestre de 2015 - sauf pour les entreprises du secteur du pétrole et du gaz naturel.

Même si les entreprises du secteur de l'énergie ont connu un resserrement de leur environnement de prêts, les emprunteurs d'autres secteurs ont fait état de conditions de prêts «très souples», a révélé l'Enquête auprès des responsables du crédit.