Yellow Média (T.Y) abandonne la distribution au porte-à-porte des Pages jaunes à certains endroits au pays, ce qui ne veut toutefois pas dire que les jours de l'annuaire imprimé sont comptés, assure l'entreprise.

En pleine transformation vers le numérique, la société établie à Montréal a fait savoir lundi que les marchés ontariens de Brampton, Mississauga et Oakville seront les premiers affectés par ces changements.

D'autres endroits seront ajoutés à mesure qu'ils seront identifiés au cours des prochains 12 à 18 mois. Cette décision ne devrait pas se traduire par des suppressions d'emplois au sein de l'entreprise.

«C'est une révision de notre modèle de distribution, a expliqué une porte-parole de Yellow Média, Fiona Story, au cours d'un entretien téléphonique. Des gens veulent encore recevoir l'annuaire, mais la distribution doit être plus efficace.»

Les annuaires imprimés seront ainsi disponibles dans divers points de distribution, aux côtés d'autres publications existantes déjà distribuées à la manière des journaux dans des épiceries et pharmacies, sous la forme de boîtes ou de présentoirs.

«La distribution au porte-à-porte ne sera pas (nécessairement) abandonnée dans certains marchés identifiés, a souligné Mme Story. Il s'agira de quartiers ou de rues où le taux d'utilisation de l'annuaire est beaucoup plus bas.»

Si la distribution des annuaires a déjà eu lieu dans la région d'Ottawa le mois dernier, Yellow Média a l'intention d'évaluer le mode de distribution de ses annuaires imprimés dans les quelque 300 marchés canadiens où la société est présente.

Au Québec, l'entreprise dit évaluer les marchés de Montréal-Ouest ainsi que celui de la Rive-Sud de la métropole, où la distribution doit s'amorcer respectivement en mars et en avril.

En dépit de cette révision, la porte-parole de Yellow Média a assuré qu'il ne s'agissait pas d'une première étape qui pourrait éventuellement mener à la disparition de la version imprimée de l'annuaire des Pages jaunes.

«Le produit imprimé va toujours faire partie de nos produits, a dit Mme Story. On ne dessert pas seulement les marchés urbains, mais aussi les régions rurales. Les taux d'utilisation de nos produits varient toujours d'une région à l'autre.»

Selon Haran Posner, de RBC Marchés des capitaux, cette décision de l'entreprise s'inscrit dans sa volonté de réduire certains coûts, même s'il ignore pour l'instant le montant que l'entreprise peut récupérer.

L'analyste croit que la société devrait fournir plus de détails la semaine prochaine, lorsqu'elle dévoilera ses résultats du quatrième trimestre.

Yellow Média avait franchi une étape importante au troisième trimestre, en novembre dernier, puisque ses revenus du secteur numérique avaient, pour la première fois, contribué à plus de la moitié de son chiffre d'affaires.

Les revenus tirés des médias numériques représentaient ainsi 52 % du total du chiffre d'affaires, par rapport à 42,8 % à la même période en 2013.

Ce virage numérique ne s'est toutefois pas fait sans heurts.

Yellow Média, qui compte quelque 2900 employés à travers le Canada - dont plus de 1100 à Montréal - a traversé une douloureuse restructuration au cours des dernières années qui a entraîné de nombreuses mises à pied.

La stratégie mise de l'avant par le président et chef de la direction de Yellow Média, Julien Billot, prévoit un retour à la croissance des revenus et du bénéfice d'exploitation en 2018. Elle prévoit aussi des dépenses d'investissement oscillant entre 70 et 75 millions $ pour l'exercice 2015.

Ultimement, la société souhaite accroître sa visibilité sur les écrans d'appareils mobiles pour mieux concurrencer des géants comme Google, Yahoo et Bing lorsque vient le temps d'attirer des consommateurs qui fouillent sur le Web à la recherche d'entreprises et de services.

En après-midi, à la Bourse de Toronto, le titre de Yellow Média gagnait 18 cents, ou 1,02 %, pour se transiger à 17,75 $.