Les préparatifs de la scission s'accélèrent chez eBay, qui a annoncé mercredi 2400 suppressions d'emplois, la possible séparation d'une activité supplémentaire et un accord avec son grand actionnaire activiste Carl Icahn.

Ces mesures interviennent avant que le géant américain de la distribution en ligne ne rende son indépendance au deuxième semestre à sa filiale de paiements PayPal.

«Nous sommes sur la bonne voie stratégique, et nous prenons des mesures décidées et énergiques en positionnant eBay et PayPal pour le succès. Nous affinons notre orientation stratégique et rationalisons notre structure de coûts et notre portefeuille», a affirmé le directeur général du groupe, John Donahoe.

Les coupes annoncées mercredi, qui représentent 7% des effectifs mondiaux et interviendront d'ici fin mars, sont ainsi selon lui «nécessaires» pour «simplifier l'organisation» et «accélérer la prise de décision».

Elle toucheront à la fois les plateformes de commerce en ligne (qui constitueront le coeur du nouvel eBay), PayPal, et la branche «Enterprise», qui offre des services aux sociétés de distribution et aux marques souhaitant développer leurs activités de commerce en ligne.

Concernant justement eBay Enterprise, le groupe «explore des options stratégiques», dont une vente totale ou partielle ou une entrée en Bourse.

Avec 1,2 milliard de dollars de chiffre d'affaires en 2014, à comparer à 7,9 milliards dans les paiements et 8,8 milliards pour les plateformes commerciales, c'est «une bonne activité», a assuré M. Donahoe, mais elle ne présente que «des synergies limitées» avec les deux sociétés qui émergeront de la scission.

Garanties sur PayPal pour Icahn 

eBay s'efforce aussi d'écarter de potentiels conflits grâce à un «accord moratoire» annoncé avec son plus bouillonnant actionnaire, le milliardaire activiste Carl Icahn, qui ne détient que 3,7% du capital mais avait beaucoup fait pression pour la séparation de PayPal.

M. Icahn a obtenu la nomination d'un représentant au conseil d'administration d'eBay, Jonathan Christodoro, avec une option de transfert chez PayPal après la scission.

Le milliardaire fait aussi état sur son site internet d'une série de garanties quant aux statuts du futur PayPal indépendant: les possibilités de gêner la prise de contrôle de la société ou limiter la convocation d'une assemblée générale extraordinaire des actionnaires seront notamment limitées.

«Si une offre (d'achat) est faite pour une entreprise, cela devrait être aux actionnaires --pas au conseil d'administration-- de décider s'il faut l'accepter», fait valoir M. Icahn, qui a déjà prôné l'an dernier un rapprochement entre PayPal et un autre acteur majeur du secteur des paiements une fois la scission avec eBay consommée.

2015 s'annonce «difficile» 

Ces diverses décisions, ajoutées à l'autorisation de 2 milliards de dollars de rachats d'actions supplémentaires, ont été saluées à Wall Street où l'action eBay prenait 2,62% vers 00H10 GMT.

Les investisseurs avaient moins de raisons de se féliciter dans les résultats publiés parallèlement par le groupe, qui a accusé une perte nette de 41 millions de dollars en 2014.

Cela s'explique surtout par une charge fiscale de plusieurs milliards de dollars liée au rapatriement en début d'année de liquidités jusque là conservées à l'étranger et donc à l'abri des impôts américains.

Au quatrième trimestre, le bénéfice net a progressé de 10% à 936 millions de dollars, et le résultat par action, la référence aux Etats-Unis, a même dépassé d'un cent la prévision des analystes, à 90 cents.

Le chiffre d'affaires a de son côté augmenté de 12% à 17,9 milliards de dollars en 2014 et de 9% à 4,9 milliards au quatrième trimestre, des niveaux conformes aux attentes.

Les prévisions en revanche sont décevantes.

«2015 sera une autre année difficile, et nous nous attendons à ce que la performance d'eBay se ramollisse encore avant de voir une stabilisation et une amélioration», a prévenu M. Donahoe.

eBay prévoit seulement 18,60 à 19,10 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel, dont 4,35 à 4,45 milliards au premier trimestre. Les analystes espéraient respectivement 19,97 et 4,70 milliards.

Le bénéfice par action est attendu pour sa part entre 3,05 et 3,15 dollars, dont 68 à 71 cents au premier trimestre, contre des consensus de 3,26 dollars et 76 cents.