L'effondrement du prix du pétrole plombe aussi l'optimisme des entreprises canadiennes, même s'il devrait profiter aux manufacturiers exportateurs.

Les données de l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE), menée sur une base trimestrielle par la Banque du Canada, font ressortir l'assombrissement de l'horizon des entreprises qui trempent dans l'industrie pétrolière.

À la question «Au cours des 12 prochains mois, le volume de vos ventes devrait-il augmenter à un taux supérieur, égal ou inférieur à celui des 12 mois précédents?», 43% des répondants le voient supérieur et 35%, inférieur. Cet écart positif de huit points est le plus faible en deux ans.

Cela paraît indiquer un ralentissement de la croissance en ce début d'année puisque l'EPE a été menée entre le 17 novembre et le 11 décembre, alors que la chute du prix du pétrole était bel et bien amorcée mais loin d'être terminée, comme en font foi les replis répétés depuis le début de l'année.

Autre signe de ralentissement, le faible écart survient au moment où près de la moitié des répondants ont affirmé aussi avoir observé une amélioration de leurs ventes au cours des 12 derniers mois. Leur proportion était de 19 points plus élevée que ceux qui ont constaté une baisse. Il s'agit du plus grand écart en deux ans et demi à ce chapitre. Il suggère que la croissance était encore robuste en fin d'année.

Le ralentissement pressenti est manifeste dans les intentions d'investir, où l'écart positif est tombé à huit points; c'est le plus petit écart depuis l'été 2013. La Banque précise que les intentions d'investir en machines et équipement sont plus fortes parmi les répondants manufacturiers qui désirent accroître leur production pour tirer parti de la faiblesse du huard face au billet vert et de la vitalité de l'expansion américaine. Cela confirme toutes les prévisions des économistes.

Les petites et moyennes entreprises ont aussi l'intention d'investir, si on se fie à leurs demandes de prêts auprès des institutions financières, qui seraient à la hausse.

Dans l'industrie pétrolière, en revanche, qui absorbait jusqu'à peu les deux cinquièmes des investissements des entreprises canadiennes, la volonté n'y est plus.

Les intentions d'augmenter l'effectif sont moins fortes qu'à l'automne, mais demeurent robustes, avec un écart positif de 29 points.

Ces intentions sont soutenues par le fait que plus d'une entreprise sur cinq juge qu'elle souffre d'une pénurie de main-d'oeuvre, une proportion qui varie peu depuis un an. Cela est aussi cohérent avec le fait que deux entreprises sur cinq auraient des difficultés à répondre à une hausse inattendue de la demande. Ici encore, il y a peu de variations depuis un an.

Les pressions inflationnistes restent très faibles. L'effondrement du prix du pétrole les a réduites davantage. Il agit à la baisse sur les prix des intrants, tandis que la concurrence féroce limite ceux des extrants.

Enfin, l'enquête auprès des responsables de crédit montre que les conditions d'octroi de prêts ont peu changé après un assouplissement quasi ininterrompu depuis le début du présent cycle.

Dans l'ensemble, les résultats de ces deux enquêtes ont de quoi conforter la Banque du Canada dans son éloge inlassable du statu quo monétaire.

On en aura le coeur net la semaine prochaine lorsqu'elle publiera son nouveau scénario économique tout en reconduisant le taux directeur, fixé à 1% depuis septembre 2010.

On peut raisonnablement parier que sa prévision de croissance de 2,4% et de 2,3% pour 2015 et 2016 soit légèrement diminuée puisqu'elle misait, pour la justifier, sur l'accélération des investissements des entreprises.