Bell, Vidéotron, Cogeco ou Telus? Les Québécois auront bientôt d'autres options pour s'abonner à la télé.

Après la téléphonie et la connexion internet, les fournisseurs indépendants de télécommunications veulent maintenant offrir la distribution télé. Avec des prix moins élevés, les petits fournisseurs pensent attirer suffisamment de clients, notamment les gens qui se désabonnent du câble au profit de services comme Netflix.

Electronic Box, une entreprise de Longueuil qui est l'un des plus importants fournisseurs indépendants de services internet au pays, a fait une demande de licence et espère lancer son service télé à l'automne 2015. Zazeen, une entreprise ontarienne, compte lancer officiellement son service télé au début de l'année 2015. Leur stratégie: offrir un forfait de base ratissant assez large - incluant notamment des chaînes sportives comme RDS -, mais à un prix inférieur aux forfaits actuellement proposés par les géants des télécoms.

«Nous pensons que nous aurons un service plus intéressant que la concurrence. Il faut arriver avec des prix concurrentiels», dit Jean-Philippe Béique, PDG d'Electronic Box, qui compte environ 40 000 clients internet au Québec et en Ontario.

Demande de licence

Electronic Box demande au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) une licence de distributeur télé pour les six principales villes au Québec (les régions de Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières et Saguenay). Le CRTC a accordé des licences similaires au cours des dernières années à deux autres fournisseurs indépendants: Zazeen et l'entreprise montréalaise ColbaNet qui offre la télé à ses abonnés internet depuis 2012. «Les gens viennent chez nous pour le prix et la qualité», dit Joseph Bassili, président de ColbaNet.

Attirer les nouveaux abonnés télé est toutefois «plus difficile que prévu»: parmi ses 8000 à 10 000 abonnés internet à Montréal, ColbaNet n'en a converti que 500 à 600 abonnés à son service de télé. «Les gens sont habitués d'aller avec Bell et d'autres grandes entreprises», dit M. Bassili. ColbaNet offre son combo internet/télé pour 49,90$ par mois (plus taxes et certains frais), comparativement à 82$ par mois pour un combo similaire au prix ordinaire chez Vidéotron et 89$ par mois pour un combo légèrement supérieur chez Bell.

Disponible en format beta au Québec depuis quelques mois, Zazeen compte lancer officiellement son service de distribution télé au début de l'année 2015. Pour profiter du forfait télé à 29,95$ par mois, il faut être un abonné internet de Distributel ou Acanac (les propriétaires d'Acanac sont aussi ceux de Zazeen). «Les gens n'aiment pas les grandes entreprises de télécoms, mais ils se résignent à faire affaire avec elles, dit Aaron Thomas, directeur du marketing de Zazeen. Avant que les jeunes de 20 à 35 ans se débranchent du câble, nous voulons qu'ils essaient une autre option.»

Même si elle doit se présenter devant le CRTC seulement en janvier prochain pour obtenir sa licence de distributeur télé, Electronic Box a suivi avec intérêt les audiences du CRTC sur les fournisseurs indépendants, qui se sont déroulées à Gatineau au cours des deux dernières semaines. Les fournisseurs indépendants, qui représentent 6,7% des clients internet au pays, aimeraient un meilleur cadre réglementaire, tandis que des géants des télécoms comme Bell et Vidéotron veulent plutôt déréglementer dans les grandes villes.

La décision que prendra le CRTC influera donc sur le succès des nouveaux distributeurs télé et internet. «C'est sûr qu'on aura une stratégie axée sur le prix, mais le prix est aussi lié à la tarification [des grands conglomérats pour leurs infrastructures] et celle-ci va dépendre des audiences», dit Jean-Philippe Béique, d'Electronic Box.