Fondée il y a 15 ans, l'entreprise montréalaise Mediabiz International s'apprête à produire ses premières oeuvres de fiction francophones: un drame avec Hélène Florent (Ne parle pas), un film musical d'animation coproduit avec la France et le Brésil (Prince Bilboquet) et l'adaptation des populaires BD Les Nombrils, de Delaf et Dubuc, entre autres.

Mediabiz finance et produit des oeuvres audiovisuelles internationales. Elle compte 40 films à son actif, dont 8 projets développés à titre de producteur depuis 2010, d'une valeur combinée de 135 millions de dollars. Parmi ceux-ci, le film d'action de 23 millions Outcast, mettant en vedette Nicolas Cage, qui atterrira sur 5000 écrans chinois en janvier 2015, puis ailleurs dans le monde par la suite.

Plus près de nous, Mediabiz revendique la coproduction du film Maïna de Michel Poulette, basé sur un roman de Dominique Demers, sélectionné dans 25 festivals à travers le monde. Pourtant, l'entreprise est invisible au Québec, aux yeux de ses dirigeants Karine Martin et Jean-François Doray. «Ici, les gens ne semblent pas nous connaître, lance Jean-François Doray. On ne fait pas partie de la gang!»

Ce soir, afin de célébrer ses 15 ans d'existence et de promouvoir son expertise, Mediabiz organise une fête à Montréal. «On veut accueillir des gens de l'industrie et des partenaires stratégiques, dit Jean-François Doray. On veut remercier des gens qui ont adhéré à notre modèle d'affaires et qui y croient.»

Fonds d'investissement

Leur modèle d'affaires? Produire des films financés grâce à ses fonds d'investissement Mediabiz Capital, Mediabiz Investissement et TGE Capital, appuyés par des partenaires privés et bancaires locaux et internationaux. Et parfois par les institutions publiques québécoises et canadiennes.

«On sait que la production fait face à un énorme défi, explique Karine Martin. Il faut oublier la dépendance aux fonds publics et plutôt aller à l'international pour se financer. Comme le public change ses habitudes de consommation, l'État doit trouver d'autres sources de revenus, et la culture est touchée. Nécessairement, il faut coproduire. On l'a vu venir, comme on est positionnés depuis plus de dix ans sur le marché international. À ce jour, notre portefeuille de projets a été financé à 75% par des sources privées.»

Mediabiz a d'abord été une entreprise de consultation liée à l'expertise d'avocate en litige commercial et de la faillite de Karine Martin. Celle-ci s'est ensuite retrouvée en droit des arts et des spectacles dans une maison de production. «Quand, plus tard, je suis devenue chef des affaires légales pour une maison de production et de distribution allemande, à Los Angeles, j'ai compris les attentes des financiers, soit le type de rendement voulu et le type de produits désiré par les investisseurs, et comment le marché fonctionnait à l'extérieur des modèles de financement public», mentionne la productrice.

Avant d'être une maison de production, Mediabiz a ainsi assuré le montage financier pour des séries de films à l'international, a levé des fonds auprès d'investisseurs internationaux pour des projets audiovisuels, a conseillé des investisseurs pour participer à des projets fondés sur un modèle de rentabilité commerciale et financière. «Mais on n'avait pas d'actifs, juste des honoraires, raconte Jean-François Doray. On voulait quelque chose de tangible pour nous. Avec l'appui d'institutions, on a donc fondé la division de production Mediamax, en 2010, dans le but de faire des coproductions internationales et des productions québécoises.»

Capacité financière

En quatre ans, ils ont prouvé qu'ils pouvaient produire des films à gros budget et trouver du financement pour des productions en un temps record. «Grâce à nos fonds, on peut arriver en disant qu'on a aussi une capacité financière, pas seulement des outils», dit Jean-François Doray.

En 2010, à la demande du producteur Ed Pressman (Wall Street, American Psycho), Mediabiz a trouvé 11 millions en 3 mois pour le film The Moth Diaries. «On a investi nous-mêmes 2 millions en sachant qu'on allait les récupérer, affirme Karine Martin. On a vu ce projet comme un investissement de démarrage. On était convaincus de la valeur commerciale du projet. Aujourd'hui, on est un groupe média qui développe, finance et produit des oeuvres télévisuelles d'envergure internationale.»