Allergan (AGN) , le fabricant du traitement antirides Botox, voit en son compatriote Actavis (ACT) son chevalier blanc pour échapper aux griffes du laboratoire canadien Valeant (T.VRX) qui le convoite depuis des mois.

Dans un document boursier consulté jeudi, la société californienne indique avoir été approchée pour une fusion par un autre groupe dont il ne révèle pas l'identité.

Mais d'après une source proche du dossier, le courtisan serait Actavis, qui est issu de la fusion en 2012 du groupe suisse du même nom et de l'américain Watson Pharmaceutical.

Actavis est en plein recentrage dans les soins de spécialités que sont la gynécologie, l'urologie et la dermatologie. Un mariage avec Allergan lui permettrait d'entrer de plein pied dans l'ophtamologie, l'un des points forts du groupe californien et créneau en forte croissance.

Les «discussions entre nous et la partie se poursuivent et pourraient aboutir à des négociations», précise Allergan. Cependant «nous ne pouvons garantir l'issue des discussions», prévient-il en ajoutant que son conseil d'administration a enjoint à la direction de ne pas fournir les bases financières sur lesquelles se déroulent les négociations afin d'éviter que celles-ci ne capotent prématurément.

L'officialisation des discussions entre Allergan et Actavis intervient quelques jours seulement après que le laboratoire canadien Valeant eut annoncé envisager de relever à 60 milliards de dollars son offre hostile sur la société californienne, qui lui résiste depuis avril.

Depuis, les deux groupes ont échangé des propos peu amènes et le conseil d'administration d'Allergan est toujours fermement opposé à ce que l'entreprise soit achetée par le groupe canadien qui ne cache pas ses ambitions d'intégrer au plus vite l'élite de la pharmacie mondiale à coups d'acquisitions.

L'animosité entre les deux parties a conduit Allergan à demander à la justice de déterminer si la montée dans son capital du milliardaire et investisseur activiste américain Bill Ackman était légale et de lui interdire éventuellement de prendre part au vote sur le projet de rachat de Valeant prévu le 18 décembre lors d'une assemblée générale extraordinaire.

Actergan» contre «Vallergan»

M. Ackman, via son fonds d'investissement Pershing Square, est le premier actionnaire d'Allergan avec une participation de 9,7%. Il pousse pour le mariage avec Valeant.

Lors de l'AG, il espère évincer la direction et le conseil d'administration actuels d'Allergan pour y installer une nouvelle équipe plus accommodante et favorable à Valeant.

Un juge californien lui a octroyé une victoire mardi en rejetant les requêtes d'Allergan et en l'autorisant par conséquent à prendre pleinement part à l'AG malgré des réserves.

«Aucun autre acheteur potentiel d'Allergan a les synergies opérationnelles et fiscales que nous avons, et aucun autre acheteur potentiel d'Allergan ne peut créer la valeur comme nous le pouvons», a martelé fin octobre le PDG de Valeant Michael Pearson.

«Le match 'Actergan' (Actavis-Allergan) contre 'Vallergan' (Valeant-Allergan) a commencé», estime Gregg Gilbert, analyste chez la banque Deutsche Bank. Actavis a plus de levier pour faire potentiellement une offre meilleure que Valeant, estime-t-il.

À Wall Street, cette bataille qui s'intensifie ravissait les investisseurs: les titres Actavis (+2,09% à 253,09 dollars) et Allergan (+1,60% à 199,46 dollars) progressaient, tandis que l'action Valeant reculait de 1,87% à 129,44 dollars vers 16H20 GMT.

Actavis pèse 66,88 milliards de dollars, Allergan 59,27 milliards et Valeant 43,45 milliards.

Allergan aurait repoussé mi-septembre des premières avances d'Actavis, qui lui proposait une OPA amicale représentant environ 50 milliards de dollars.

Mais Actavis, qui dispose d'un portefeuille de médicaments diversifiés, allant des génériques à des traitements sous licence ou brevetés, serait revenu à la charge. Il est partout. En février, Actavis s'est ainsi offert son compatriote Forest Laboratories quelques mois seulement après le rachat de l'irlandais Warner Chilcott.

Cet activisme à tous crins s'explique par la recomposition en cours du paysage pharmaceutique américain où les gros acteurs comme les numéros un et deux Pfizer et Merck sont en quête de nouveaux relais de croissance pour faire face à l'expiration des brevets de leurs médicaments phare et à la concurrence des fabricants de génériques comme Teva ou encore Mylan.