Il n'y avait pas que la température de fraîche cet été. La croissance économique a figé, comme saisie d'un moment d'hypothermie.

Après avoir marqué le pas en juillet, le produit intérieur brut (PIB) réel a même reculé d'un dixième en août, selon les données de Statistique Canada.

En un an toutefois, l'expansion réelle a été de 2,2%.

La cible de croissance trimestrielle annualisée de 2,3% projetée la semaine dernière par la Banque du Canada pour l'été paraît désormais bien élevée. Il faudrait que le PIB réel ait rebondi de 0,5% en septembre, ce qui paraît plutôt élevé. Cela va lui fournir un argument de plus pour rester en touche, comme si elle en était à court.

Les prévisionnistes avaient misé sur un deuxième mois d'affilée de stagnation. À l'annonce des résultats, ils ont aiguisé leurs crayons et révisé leur scénario. Ils tablent désormais sur une croissance trimestrielle annualisée de moins de 2%, soit environ la moitié du rythme d'expansion de l'économie américaine évaluée préliminairement à 3,5%.

C'est toutefois ce bon chiffre qui ne devrait pas miner notre optimisme, car il est de nature à stimuler les exportations canadiennes.

Le recul de la production canadienne en août était concentré dans la production de biens. L'extraction de pétrole et de gaz a connu son deuxième repli d'affilée, moins attribuable à la chute des prix qu'à des activités de maintenance, semble-t-il.

Idem pour la production en usines. Il est de coutume dans l'industrie automobile de réoutiller les chaînes de montage durant l'été pour préparer la production des modèles de la rentrée. La demande soutenue de véhicules neufs au sud de la frontière paraît garante d'un rebond dans ce segment industriel.

Le recul de 1,2% de la fabrication, après trois mois de gains successifs, ne doit pas faire oublier que cette production est en hausse de 4,4% depuis un an. Seul le segment du transport et de l'entreposage, qui accuse lui-même un repli en août et qui est aussi très tributaire des exportations, fait mieux.

La construction aussi a reculé, mais la Société canadienne d'hypothèques et de logement a observé un rebond des mises en chantier en septembre.

Seule note positive dans la production de biens, qui s'est repliée de 1% dans l'ensemble, la génération d'électricité a bondi de 1,7% après quatre replis mensuels d'affilée. C'est de bon augure pour le PIB du Québec qui ne produit ni pétrole, ni voitures, mais qui génère beaucoup de houille blanche. Comme pour l'ensemble canadien, le PIB du Québec avait fait du surplace en juillet.

Du côté des services, l'expansion au rythme de 0,2% s'est poursuivie pour le troisième mois d'affilée à l'échelle canadienne.

Les plus fortes hausses sont venues du commerce de gros, des services d'hébergement et de restauration ainsi que des services d'enseignement et de santé.

Pour les sceptiques quant à la santé de l'économie canadienne en dépit des chiffres de croissance décevants, Ottawa avait de quoi les confondre. Le déficit du gouvernement fédéral en août était de 300 millions de dollars seulement, comparativement à 2 milliards un an plus tôt. D'avril à août, les recettes fiscales ont augmenté de 4,2%.

Au rythme actuel, Ottawa se dirige bel et bien vers un surplus pour l'exercice en cours, grâce à la triple combinaison de recettes en hausse, de dépenses de programmes en baisse et d'un service de la dette moins élevé.

Même avec une expansion plus rapide, les États-Unis ne peuvent se targuer d'avoir des finances publiques aussi saines.