L'économie canadienne ne renouera pas avec sa croissance potentielle avant la seconde moitié de 2016 même si l'expansion réelle se poursuivra à un rythme annuel de 2% à 2,5% d'ici là.

Entre-temps, estime la Banque du Canada, les pressions inflationnistes resteront faibles, même si la dépréciation du huard poussera à la hausse les prix des produits importés comme les vêtements.

Ces augmentations seront neutralisées par la baisse des prix de l'essence et du mazout de chauffage, qui font suite à une augmentation de l'offre mondiale de pétrole et à la diminution de la demande, en raison du ralentissement des économies de la zone euro et de quelques pays émergents.

La baisse du prix du pétrole et de celui des matières premières réduit la valeur des exportations même si leurs volumes augmentent, tandis que les prix des biens et services importés augmentent. Cette détérioration des termes de l'échange affaiblit le pouvoir d'achat et pèsera sur la consommation des ménages.

Dans ces conditions, «la résultante des risques se situe dans la zone pour laquelle la politique monétaire actuelle est appropriée et, par conséquent, le taux cible de financement à un jour reste à 1%», précise la Banque.

Il est à ce niveau depuis septembre 2010. Comme le gouverneur Stephen Poloz l'avait indiqué dans un texte paru plus tôt ce mois-ci, la Banque ne fournit plus d'indication prospective sur la conduite de sa politique monétaire.

À la lecture de la mouture automnale du Rapport sur la politique monétaire (RPM) publié hier, on comprend vite qu'elle affiche la plus grande prudence et n'aura aucune presse à se montrer moins accommodante.

«L'endettement des secteurs privé et public se situe maintenant à des niveaux encore plus élevés qu'avant la crise financière mondiale», y lit-on dès le premier paragraphe faisant état de la conjoncture internationale.

La projection de croissance mondiale est d'ailleurs ramenée de 3,7% à 3,3% pour 2015 et de 3,8% à 3,5% pour 2016.

Heureusement, la situation est moins grise aux États-Unis, ce qui favorisera quelque peu les exportations canadiennes, toutes catégories confondues.

Au final, la Banque prévoit un rythme annuel de l'expansion canadienne de 2,3%, 2,4% et 2,3% pour 2014, 2015 et 2016, soit bien semblable à celui de juillet.

En revanche, elle diminue considérablement sa projection du revenu intérieur brut réel, une mesure fiable de la variation du pouvoir d'achat. Son augmentation est ramenée de 2,5% à 1,8% pour 2014 et de 2,8% à 1,7% seulement pour l'an prochain.

Le retour au plein potentiel de croissance au deuxième semestre est cependant une indication de plus que le taux directeur n'est pas à la veille de remonter. En juillet, la Banque croyait que ce serait chose faite en milieu d'année, ce qui était déjà plus tard que dans le RPM de janvier, où 2016 était évoqué vaguement. En 2013, elle projetait l'atteinte du plein potentiel en 2015.

Le retour à la production potentielle signifie qu'il ne subsiste plus de capacités excédentaires et que l'inflation progresse au rythme de 2%. Le rythme optimal de croissance est alors estimé aux environs de 2%. C'est aussi le moment où la politique monétaire est neutre, règle générale, c'est-à-dire ni très accommodante comme maintenant ni restrictive comme c'est le cas lorsque l'inflation est trop élevée. Bref, un taux directeur près des 2,5%.

Les capacités inutilisées se trouveraient davantage sur le marché du travail que dans le capital de production que les entreprises sont peu enclines à augmenter en investissant davantage en machines et en matériel.

«Le taux de chômage surévalue vraisemblablement l'amélioration qu'a connue le marché du travail au lendemain de la récession et le degré actuel d'utilisation des ressources», précise le RPM.

La Banque évalue qu'il y aurait environ 930 000 travailleurs qui occupent involontairement un emploi à temps partiel en moyenne au cours de la dernière année.

La prochaine date de fixation du taux directeur sera le 3 décembre.