Après l'engourdissement provoqué par le froid polaire de l'hiver, l'expansion de l'économie canadienne s'est épanouie au printemps qu'elle a complété sur une erre d'aller prometteuse pour l'été.

C'est encore une fois la consommation des ménages qui en aura été le moteur, bien assistée par la poussée tant attendue des exportations. En revanche, les entreprises tardent toujours à investir pour renouveler ou augmenter leurs équipements.

Voyons tout cela dans le détail.

Le bilan des comptes nationaux montre que le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 3,1 % en rythme annualisé, d'avril à juin. Pour les trois premiers mois de l'année, l'expansion a été ramenée de 1,2 % à 0,9 %. Après 6 mois en 2014, la taille de l'économie a grandi de 2 %, soit une croissance deux fois plus rapide que celle des États-Unis qui ont aussi connu un très bon printemps, à hauteur de 4,2 %.

De juin à juin, l'expansion canadienne atteint 2,5 %.

Mesurée par industrie, la croissance a été de 0,3 % en juin, tandis que celle de mai a été rehaussée par Statistique Canada de 1 dixième à 0,5 %. Celle d'avril a été maintenue à 0,1 %. Cela signifie que la production de biens et services (le PIB) a amorcé le troisième trimestre à un niveau plus élevé que sa valeur moyenne du printemps.

Mesurée selon les comptes économiques, la croissance trimestrielle du PIB a reposé sur la poussée de 3,8 % de la consommation des ménages, soit le double de celle de l'hiver. Cette augmentation s'est faite toutefois en puisant dans les épargnes dont le taux se situe désormais à 3,9 % par rapport au revenu disponible, le plus faible en 4 ans.

Bref, à moins d'une forte augmentation du pouvoir d'achat ou des revenus, les ménages vont ralentir leurs achats, si ce n'est déjà fait.

Cette consommation s'est surtout faite dans l'achat de biens durables, comme en témoignent les hausses de ventes de véhicules.

Beaucoup de ménages se sont aussi portés acquéreurs d'une maison neuve. En fait foi l'investissement résidentiel, en hausse de 11,9 %.

L'apport des administrations publiques et des entreprises a été modeste. Les gouvernements se serrent la ceinture, on le sait.

On comprend mal cependant les hésitations des entreprises à s'équiper, étant donné qu'elles ont engrangé des bénéfices avant impôts de 87,8 milliards, éclipsant le record établi au trimestre précédent.

L'agence fédérale précise que, si les achats de camions ont augmenté, les investissements en machines et matériel autres ont fléchi. Pis, pour un deuxième trimestre d'affilée, les dépenses en produits de la propriété intellectuelle (les logiciels surtout) sont en baisse.

En un an, les investissements des entreprises ont diminué de 0,6 %.

Les achats de camions reflètent le bond de 17,8 % des exportations en rythme annualisé, soit bien davantage que l'augmentation de 11,1 % des importations.

Il s'agit d'un redressement spectaculaire par rapport à l'hiver où exportations et importations avaient toutes deux reculé, les secondes davantage.

Le rythme printanier des échanges internationaux est toutefois insoutenable. Il incorporait une bonne part de rattrapage.

Pour l'été et l'automne, il faut s'attendre à des hausses plus modestes, d'autant plus que la faible reprise européenne paraît avoir marqué le pas, à nouveau.

La poussée des exportations a été assurée surtout par du déstockage. Il faut noter que l'apport des exportations à la croissance est précisément annihilé par la diminution des volumes de stocks.

Si on l'exprime en dollars d'aujourd'hui, la taille de l'économie (le PIB nominal) a augmenté de 4,1 % en rythme annualisé, ce qui est moins que les 6,7 % de l'hiver. Cela reflète la baisse des prix des matières premières durant le trimestre.

Depuis un an, le PIB nominal a augmenté de 4,9 %. Il s'établit à 1956,5 milliards.

Sa forte progression stimule les recettes fiscales d'Ottawa. Sur une base provinciale, on observe des différences notables. Le PIB nominal progresse plus vite chez les productrices de gaz et de pétrole.

CE QU'ILS EN PENSENT

« Le revenu disponible a augmenté de 2,3 % en rythme annualisé, mais a baissé de 0,7 % en termes réels. Le solide rebond de la consommation était donc soutenu par la forte contraction du taux d'épargne à 3,9 %, le plus faible depuis 2010. »

- Krishen Rangasamy, Banque Nationale, Marchés financiers

« Après avoir connu des difficultés à la fin de l'hiver, le nombre de mises en chantier s'est accru de 12,3 % au deuxième trimestre. De plus, les ventes de propriétés existantes ont augmenté de 9,4 % au printemps. »

- Benoit P. Durocher, Desjardins, Études économiques

« Les exportations vers les pays émergents n'ont pratiquement pas progressé durant le trimestre. L'annonce que le Brésil est en pleine récession fournit une bonne explication de cette performance décevante. »

- Douglas Porter, BMO, Marchés des capitaux