Le Groupe Hexagone a toujours espoir de trouver un chevalier blanc pour conserver le contrôle de l'entreprise, plutôt que vendre ses divisions à la pièce pour survivre.

Idéalement, Hexagone tente de dénicher un repreneur québécois prêt à payer 30 millions pour relancer l'entreprise de construction. Dans cette éventualité, elle conserverait ses atouts: sa main-d'oeuvre qualifiée, près de 2000 employés, et ses équipements spécialisés, tout en s'assurant que les profits restent au Québec.

Hexagone a vu le jour au printemps 2013 avec le rachat d'une bonne partie des entreprises du magnat déchu Tony Accurso. Elle doit encore 75 millions à M. Accurso, comme solde de prix de vente.

La situation s'est embrouillée cette semaine quand la société Fayolle Canada a annoncé l'achat de la division de génie civil d'Hexagone, constituée notamment des éléments d'actifs de sa filiale Houle-H2O, information que s'est empressée de démentir Hexagone dans les heures qui ont suivi.

Que se passe-t-il au juste chez Hexagone?

Selon nos informations, des offres verbales sur des actifs d'Hexagone ont été faites par des prétendants. Mais quand vient le moment de la coucher par écrit, ceux-ci ajoutent des conditions qui rendent la proposition d'achat moins intéressante pour Hexagone. C'est ce cas de figure qui, dit-on, s'est produit avec Fayolle cette semaine.

Hexagone a reconnu fin juillet être aux prises avec de sérieux problèmes de liquidités qui l'obligent à explorer toutes les avenues, y compris la vente de certaines divisions à des étrangers.

Les derniers mois ont été pénibles pour les entreprises de construction au Québec, et Hexagone n'y échappe pas. Les gouvernements ont mis les freins sur les contrats à la suite des révélations entendues à la commission Charbonneau.

Du côté d'Hexagone, les problèmes ont été exacerbés du fait que le groupe a dû attendre en janvier 2014 avant de décrocher son autorisation de l'Autorité des marchés financiers pour soumissionner sur les contrats publics. Une source bien au fait du dossier estime à plus de 100 millions la valeur des contrats perdus à cause du long délai à obtenir l'autorisation. Hexagone est aussi sous-capitalisée, ce qui augmente son fardeau financier.

Appel en vain aux capitaux québécois

En juillet, le président du conseil d'administration d'Hexagone, Mario Bertrand, a fait un appel dans nos pages aux capitaux québécois pour aider Hexagone à se sortir du bourbier, en vain.

La Caisse de dépôt et placement a clairement indiqué qu'elle passait son tour. Même chose pour le Fonds de solidarité FTQ. Québec serait prêt à faire un bout de chemin, dans la mesure où Hexagone trouve un nouvel exploitant comme actionnaire principal. «La balle est dans son camp», a dit hier au téléphone Chantal Corbeil, porte-parole d'Investissement Québec.

Les financiers restent donc sur la touche. De leur côté, les repreneurs intéressés font les difficiles, se disant sans doute qu'ils paieront moins cher demain.

Mais le temps presse pour Hexagone. La vente à des étrangers devient inéluctable, à moins que le ministère des Transports du Québec, l'Agence métropolitaine de transport et la Ville de Montréal ne décident de payer rapidement les factures qu'ils doivent à Hexagone mais dont ils contestent les montants. Les comptes impayés s'élèvent à au moins 68 millions, a soutenu l'entreprise en juillet.

Un autre client industriel doit plusieurs dizaines de millions à Hexagone, a-t-on appris. Là encore, une entente de paiement permettrait à l'entreprise de souffler quelques mois.

Dans l'immédiat, Hexagone doit se prononcer sur une offre d'achat en provenance d'une société européenne, au sujet de sa division spécialisée dans la pose de pieux, la société Géodex.