Le nouveau président de Microsoft (MSFT) s'apprête à sacrifier des milliers d'emplois pour alléger et recentrer ses activités, ce qui devrait soutenir sa reprise boursière.

Satya Nadella, à la barre depuis cinq mois seulement, a annoncé vendredi un «changement de culture» chez le numéro un mondial des logiciels. Il a prévenu ses employés que «des traditions allaient être remises en question» à l'interne pour renouer avec l'innovation.

Cela passe par des coupes claires dans les effectifs. Selon l'agence Bloomberg, Microsoft annoncera dans les prochains jours le plus important plan de réduction de personnel de son histoire. L'entreprise fondée par Bill Gates avait déjà éliminé 5800 emplois, soit près de 5% de son effectif dans le monde, il y a cinq ans, alors qu'elle se recentrait sur la recherche en ligne. Jusqu'à 10% de son personnel serait visé cette fois, selon l'analyste Rick Sherlund, de Nomura Securities.

La nouvelle cure d'amaigrissement est rendue nécessaire par les redondances créées par l'intégration des 30 000 employés des équipes de téléphonie mobile de Nokia, qui ont porté l'effectif global de Microsoft à plus de 127 100 personnes en septembre dernier. Ce n'est pas vraiment une surprise: Microsoft avait annoncé viser les 600 millions US d'économies annuelles dans les 18 mois suivant l'opération.

Ces réductions de personnel devraient toucher particulièrement les doublons entre Microsoft et Nokia, mais aussi une partie des équipes de marketing et d'ingénierie, réorganisées selon la nouvelle logique voulue par Satya Nadella.

La touche Nadella

Petit à petit, le successeur de Steve Ballmer impose sa touche. Petite révolution, il a d'abord rendu gratuit le système d'exploitation Windows Phone sur les téléphones intelligents et les tablettes de moins de 9 pouces, pour imiter et concurrencer Google. Il a même poussé l'audace jusqu'à proposer la suite bureautique Office sur l'iPad d'Apple, son ennemi juré.

«Nadella plante les graines de la croissance», commente Daniel Ives, analyste chez FBR Capital Markets. Selon lui, le jeune gestionnaire de 47 ans cherche à rationaliser les activités de Microsoft en préparation de sa prochaine enjambée dans l'informatique mobile et l'infonuagique.

L'entreprise fondée il y a 39 ans fait face au déclin du marché du PC avec l'érosion des ventes de ses deux produits phares, le système d'exploitation Windows et la suite de logiciels Office. Les autres produits connus, comme le moteur de recherche Bing ou les consoles de jeux Xbox, contribuent peu aux résultats du groupe.

En Bourse, le titre est en redressement après 14 années décevantes. Il a gagné 31 cents US, à 42,45$US, hier, portant son avance à 13,5% depuis le début de l'année. C'est deux fois mieux que l'indice général de la Bourse NASDAQ, où se concentrent les valeurs technologiques.

On en saura assurément plus sur les plans et la vision stratégique de Satya Nadella au cours de la présentation des résultats de son quatrième trimestre, mardi prochain.

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LA RECOMMANDATION

Daniel Ives, analyste chez FBR Capital Markets, a rehaussé son appréciation des actions de Microsoft à «surperformance de marché» avec un prix cible de 49$US représentant 17 fois le bénéfice prévu pour son nouvel exercice. L'expert financier estime que Microsoft «focalise comme un laser» sur ses avenues de croissance. La majorité des analystes qui s'intéressent à Microsoft s'en tiennent toutefois à une recommandation de «conserver».