Coup d'éclat dans le secteur des jeux électroniques à Montréal! L'entreprise Amaya, spécialiste des systèmes de jeux de casinos, achète le numéro un mondial du poker en ligne: le groupe Rational, qui exploite les populaires PokerStars et Full Tilt Poker.

Le pari d'Amaya est énorme: 4,9 milliards US payés comptant. Mais la cagnotte d'affaires en vue est tout aussi ambitieuse: devenir le nouveau meneur d'un marché mondial en forte croissance de 24 milliards US en 2013 à 36 milliards US prévus dans 2018.

LES DEUX JOUEURS, EN BREF :

L'acquéreur: Amaya

Activités: développement et implantation de systèmes électroniques de jeux de hasard pour les exploitants de casinos et de jeux en ligne en Amérique du Nord et en Europe.

Siège social: Pointe-Claire

Chiffre d'affaires (4 derniers trimestres au 31 mars): 157 millions

Bénéfice net (4 derniers trimestres au 31 mars): 17,9 millions

Valeur boursière moyenne depuis un an (avant la transaction): 755 millions

Principaux actionnaires: David Baazov (président-fondateur, 26%), Fiera Capital/fonds Natcan (5,8%), fonds I-A Clarington (3%), fonds Banque de Montréal/BMO (1,6%)

La cible: RATIONAL GROUP

Activités: plus grande entreprise mondiale de jeux de hasard et de poker en ligne (PokerStars), avec 85 millions de clients enregistrés dans un marché multinational évalué à 24 milliards US

Siège social: île de Man (archipel britannique)

Chiffre d'affaires (2013): 1,1 milliard US

Bénéfice d'exploitation (2013): 441 millions US

Actionnaires principaux: Mark Scheinberg (président et cofondateur) et sa famille (environ 75%, détenu privément)

Sources: Amaya, Bloomberg

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LA TRANSACTION :

Le prix: 4,9 milliards US au comptant, dont 400 millions en paiement différé et ajustable selon les résultats d'ici trois ans

Le financement d'Amaya: 2,9 milliards US en nouveaux prêts, 1,6 milliard en émissions de titres de capital (actions privilégiées convertibles, actions ordinaires, bons de souscription, etc.), 400 millions US en liquidités disponibles

Le bond de croissance d'Amaya:

- chiffre d'affaires annuel de 157 millions CAN (4 derniers trimestres au 31 mars) à 1,27 milliards US prévu après la transaction, selon Amaya

- le bénéfice d'exploitation multiplié par 10, autour de 620 millions US par an, selon les analystes

- la valeur boursière attribuée à Amaya, désormais à 1,86 milliard, représente plus du double que son niveau moyen depuis un an.

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DES ACTIONNAIRES TRÈS ENRICHIS :

- Après le bond de 63% des actions d'Amaya en Bourse depuis jeudi, l'avoir de son président et principal actionnaire, le Montréalais David Baazov, vaut désormais 480 millions.

- Quant au deuxième actionnaire d'Amaya, c'est-à-dire la firme d'investissement montréalaise Fiera Capital et sa division Natcan, la valeur de son placement s'élève à 108 millions.

- Chez Rational, le cofondateur et chef de la direction, Mark Scheinberg, obtiendra environ 3,6 milliards, ce qui en fera à 40 ans l'un des plus jeunes multimilliardaires du monde, selon l'agence Bloomberg.

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Interdit d'affaires

L'achat de Rational par Amaya pourrait faire lever l'interdit d'affaires de PokerStars aux États-Unis, qui découle des accusations de blanchiment d'argent et de jeux illégaux portées en 2011 contre l'entreprise et son cofondateur, Isai Scheinberg, qui est le père de son président actuel. Rational a payé une amende de 731 millions US en 2012 à ce sujet.

CE QU'ILS ONT DIT :

David Baazov, président et chef de la direction d'Amaya:

«Nous sommes vraiment excités par les occasions de croissance que nous envisageons des suites de cette acquisition. Lorsque j'ai approché les propriétaires de Rational/PokerStars, il y a plusieurs mois, je voyais le potentiel de créer une puissance mondiale des jeux de hasard en ligne basée sur une plateforme de produits et services en pleine croissance.»

Mark Scheinberg, cofondateur et chef de la direction de Rational Group:

«Je suis extrêmement fier de l'entreprise que [mon père] Isai et moi avons construite au cours des 14 dernières années, qui est devenue la plus grande entreprise de poker du monde et un chef de file dans le milieu des jeux de hasard en ligne. Chez Amaya, David Baazov a une excellente vision de l'avenir, laquelle mènera l'entreprise vers de nouveaux sommets.»

Ralph Garcea, analyste chez Global Maxfin Capital à Toronto:

«Avec cette acquisition, Amaya se transformera pour devenir une entreprise d'une ampleur inégalée dans le marché mondial du poker électronique. Et il s'adonne qu'elle émerge de Montréal et de son dynamique secteur de développement de jeux électroniques.»

Justin Kew, analyse chez Cantor Fitzgerald à Toronto:

«Je vous lève mon chapeau, messieurs [D. Baazov et D. Sebag d'Amaya]. Je couvre cette industrie depuis neuf ans et je n'avais encore jamais vu une de ces entreprises faire une transaction de la sorte. Félicitations.»