Jeudi dernier, Dress for Success a inauguré une affiliée montréalaise. Comme ses 125 soeurs réparties dans 15 pays, l'organisme drape de vêtements et de fierté des femmes qui retournent sur le marché du travail.

Ses deux ans passés dans l'équipe de bénévoles de Dress for Success («L'étoffe du succès») à Ottawa ont bouleversé Véronique Boivin. La conseillère en projets de développement des affaires au Mouvement Desjardins a constaté à quel point bien paraître pouvait redonner confiance et que fournir une garde-robe adéquate à certaines femmes, sans moyens, pouvait peser dans la balance d'une réinsertion professionnelle.

Aussi Véronique Boivin fait-elle partie des membres du conseil d'administration du bureau de Montréal de Dress for Success, rebaptisé L'étoffe du succès ici. Lancé jeudi dernier, l'organisme ouvrira une boutique en août. «On a un courriel depuis quelques mois déjà (montreal@dressforsuccess.org), explique la coprésidente de L'étoffe du succès. Des gens sont curieux, cherchent des infos. On nous offre de l'aide et des vêtements.»

L'étoffe du succès reste vague sur les lieux de la future boutique où des femmes sur le point d'obtenir une entrevue pour un emploi pourront se faire offrir une tenue complète, de la blouse aux chaussures, en passant par la trousse de maquillage et le sac à main.

Celles qui décrochent un emploi pourront se faire proposer une garde-robe d'une semaine. «La boutique se trouvera près du centre-ville et sera accessible en transports en commun, mentionne Véronique Boivin. Comme on y recevra des clientes référées, on ne veut pas divulguer l'adresse pour préserver leur sécurité et leur intimité. On ne veut pas attirer l'attention en ayant pignon sur rue.»

Des stylistes bénévoles accueilleront dans un espace de 2000 pi2 pas plus de deux personnes à la fois. «On proposera aux femmes une expérience qui va donner une nouvelle perspective sur soi, dit Véronique Boivin. À ce titre, on ne recevra pas de femmes dans le besoin, mais des clientes. On offrira tout gratuitement. On fonctionne bénévolement, mais on s'y sentira comme dans une véritable boutique.»

Pour s'assurer du succès de l'opération, le conseil d'administration mise sur une campagne de financement pour récolter au moins 40 000$. «C'est le nerf de la guerre, lance Véronique Boivin. Et on est très conservatrices. Il faut payer le loyer, le compte d'Hydro, le téléphone...»

Quant à la récolte de vêtements? «Il y en a en circulation! lance la coprésidente. On n'en manquera pas! On avait peur au départ à Ottawa. Mais l'inventaire, souvent griffé, est impeccable. On a tous eu envie de magasiner!»

La métamorphose des femmes par de simples gestes comme ceux-ci justifie, aux yeux de Véronique Boivin, l'ouverture de L'étoffe du succès à Montréal. «L'impact sur la confiance est immédiat, note-t-elle. Je l'ai vu à Ottawa. Ça m'a surprise et bouleversée. Ça demande beaucoup d'humilité de franchir les portes de la boutique. Les clientes arrivent la tête basse. Il faut les mettre à l'aise. Souvent, ce sont des femmes qui ne se sont jamais vues en tenues professionnelles. Il y a soudainement un changement de paradigme. Elles pleurent, nous remercient.»

Recherche d'emploi

Présentement, L'étoffe du succès tisse des liens avec différents organismes pour établir un réseau efficace afin de soutenir les femmes en recherche d'emploi. «On entre en jeu quand les femmes sont prêtes à intégrer le monde du travail, explique Véronique Boivin. Quand elles viennent nous voir, elles ont une entrevue d'embauche ou sont sur le point d'en avoir une. Mais on va aussi les soutenir pour qu'elles demeurent sur le marché du travail. En créant, par exemple, des regroupements, en offrant des ateliers pour se maquiller ou sur la conciliation travail-famille. On veut les raccrocher pour de bon.»

Dans les 12 mois suivant l'ouverture de la boutique, L'étoffe du succès souhaite tendre la main à 100 femmes. Ouvert depuis 2009, le Dress for Success d'Ottawa en a appuyé plus de 700 jusqu'à présent. «L'objectif est d'aider les femmes à atteindre leur autonomie financière, dit Mme Boivin. Des femmes de tous les milieux socioéconomiques, référées à nous par des organismes qui travaillent pour leur réinsertion en milieu de travail.»

Trois autres affiliés de Dress for Success, organisme né à New York en 1997, doivent entrer en activité sous peu à Edmonton, Winnipeg et Moncton. «C'est une longue démarche pour devenir un affilié, explique Véronique Boivin. Il faut soumettre un plan d'affaires sérieux, détaillé, prouver qu'on va offrir un service uniforme et qu'on pourra mener nos idées à terme. On a travaillé là-dessus plusieurs mois.»