BlackBerry (T.BB) a une longue pente à remonter et elle en est bien consciente.

À preuve, malgré la présence de deux de ses plus hauts dirigeants, le vice-président principal à la planification stratégique, James Mackey, et le président de la division des services aux entreprises, John Sims, l'entreprise est loin d'avoir fait salle comble lors de son passage à Montréal, mardi. L'événement a néanmoins permis à La Presse de s'entretenir avec les deux hommes et de discuter de leur stratégie pour redresser l'entreprise.

1. Miser sur la sécurité

Les révélations d'Edward Snowden sur l'espionnage électronique mené par les États-Unis et leurs partenaires ont «assurément fait remonter la sécurité dans la liste des priorités des responsables des technologies de l'information, particulièrement à l'extérieur des États-Unis, constate John Sims. Les meilleurs cas sont en Europe».

Or, c'est justement la sécurité qui constitue l'essentiel de l'argumentaire de BlackBerry auprès des entreprises, un avantage.

Autre argument: l'entreprise est établie au Canada, plutôt qu'aux États-Unis. Et même si le Canada est un partenaire des États-Unis dans le domaine du renseignement, MM. Sims et Mackey - tous deux établis au sud de la frontière - estiment qu'il est facile et profitable de convaincre des clients de l'avantage d'être canadien.

2. Faire le plein d'utilisateurs pour BBM

La messagerie BlackBerry Messenger (BBM) a reçu de gros coups de pouce ces derniers mois, à commencer par la création de versions compatibles avec les plateformes iOS et Android.

L'acquisition à très fort prix du rival WhatsApp par Facebook a également mis en lumière la valeur théorique de cet actif.

«Nous constatons que certains utilisateurs de WhatsApp s'inquiètent de la protection de leur vie privée depuis l'achat par Facebook et regardent de notre côté, explique par ailleurs M. Sims. Nous continuerons de mettre l'accent sur le côté sécuritaire de BBM.»

BBM compte 85 millions d'utilisateurs actifs mensuellement et 130 millions d'inscrits. WhatsApp mise de son côté sur 500 millions d'utilisateurs actifs. BlackBerry amorcera la monétisation de BBM sous peu avec la vente d'autocollants virtuels et une présence publicitaire incarnée dans des «canaux» conçus par des entreprises partenaires.

3. Livrer à temps

Même dans ses bonnes années, BlackBerry n'a jamais été connue pour respecter les échéanciers. Ses nouveaux produits ont régulièrement été livrés en retard, ce qui a sérieusement érodé la confiance de ses clients.

Jamais ces retards n'ont fait aussi mal que lors du lancement de la plateforme BlackBerry 10, retardée d'environ un an.

«Les consommateurs nous disent qu'ils aiment notre vision pour relancer l'entreprise, mais qu'il nous faut maintenant tenir promesse», reconnaît M. Sims.

Le lancement imminent de l'appareil Z3 en Indonésie, celui d'une version sécurisée de BBM en juin et celui de BlackBerry Enterprise Server (BES) 12, en novembre, serviront de jalons.

« Le marché va attendre et nous regarder aller au début, mais au fur et à mesure que nous allons respecter nos engagements, les clients vont nous donner le crédit.»

4. Concevoir des appareils spécialisés

L'une des nouvelles avenues qu'entend explorer BlackBerry est la conception d'appareils mobiles «basés sur certaines industries et optimisés pour certains scénarios», indique James Mackey. Le premier sera centré sur le monde de la santé.

«Bien que ce sera un appareil tout à fait accessible au consommateur régulier, certaines de ses fonctions le rendront parfaitement adapté à la santé.»

M. Mackey n'a pas voulu trop en dévoiler sur les caractéristiques de ces appareils, sinon pour dire que l'écran serait «optimisé pour consulter des photos, des vidéos ou des images 3D», pour analyser des radiographies à distance, par exemple.

5. Revenir aux sources

À lui seul, le nom du prochain grand modèle que livrera BlackBerry aux consommateurs occidentaux explique son objectif: «Classic».

«Le BlackBerry Bold est un appareil qui est encore très populaire, rappelle M. Sims. Quand nous avons lancé le Q10, les gens l'ont aimé, mais ils n'ont pas aimé perdre le côté pratique de la ceinture de boutons au centre de l'appareil, avec les boutons de terminaison ou d'amorce d'appel, ou de retour au menu principal.

«Notre nouvelle équipe de direction a écouté ces rétroactions et a rapidement mis au programme le BlackBerry Classic pour les environs du mois de novembre.»

Il s'agira, selon lui, d'un modèle hybride entre le Bold et le Q10, équipé d'un écran tactile plus grand, d'un clavier physique et de cette ceinture de boutons.

«Ce sera un modèle très ciblé sur le marché des entreprises.»