AstraZeneca (AZN) a tenté mardi de convaincre ses actionnaires alléchés par l'offre de rachat de Pfizer (PFE) que l'avenir lui souriait en tant qu'entreprise indépendante, avec des perspectives de croissance assurées par ses médicaments en développement.

Le groupe pharmaceutique britannique a ainsi indiqué viser plus de 45 milliards de dollars de revenus annuels d'ici 2023, à comparer avec 25,7 milliards de chiffre d'affaires l'an dernier.

Après une période de stagnation jusqu'en 2017, il table en effet ensuite sur une accélération de sa croissance avec l'arrivée de nouveaux produits. Les bénéfices doivent également progresser plus vite que les revenus.

«AstraZeneca achève sa transformation et a désormais la taille, la stratégie et l'équipe appropriées pour délivrer le +pipeline+ de médicaments en développement le plus enthousiasmant du secteur pharmaceutique», a commenté le directeur général Pascal Soriot.

La publication de ce point stratégique ne doit rien au hasard, à l'heure où AstraZeneca lutte contre une offre de rachat relevée à 106 milliards de dollars de son concurrent américain Pfizer.

«Nous continuons de créer de la valeur significative pour nos actionnaires grâce à notre stratégie indépendante», a assuré Pascal Soriot, en première ligne pour tenter de faire barrage à Pfizer et à son offre jugée sous-évaluée par le groupe.

AstraZeneca semblait à première vue une proie facile, ayant connu des heures difficiles face à la perte d'exclusivité de certains médicaments, qui peuvent désormais être vendus librement par les fabricants de génériques.

Mais le dirigeant français table, face à ce déclin programmé, sur le développement de nouvelles molécules et a ciblé les maladies et les marchés jugés les plus prometteurs.

Il a ainsi présenté l'an dernier sa stratégie, qui consiste à concentrer les investissements sur cinq pôles: le médicament pour le coeur Brilinta, le marché du diabète non insulinodépendant, les maladies respiratoires, le Japon ainsi que les marchés émergents, comme la Chine.

AstraZeneca pense donc que cette vision devrait porter ses fruits d'ici 2023. À cet horizon, le groupe espère environ 8 milliards de dollars de revenus sur le marché du diabète, sur lequel il s'est renforcé récemment avec le rachat des parts de Bristol-Myers Squibb (BMS) dans leur alliance.

À cette date, il vise également environ 8 milliards provenant des maladies respiratoires, une autre de ses priorités, grâce à une gamme variée de produits en développement.

Il espère encore 3,5 milliards de dollars grâce au Brilinta, son médicament vedette pour le coeur, qui fait l'objet d'essais cliniques pour en permettre de nouvelles utilisations.

La croissance dans les pays émergents devrait pour sa part atteindre 5 à 9% grâce à la Chine. Au Japon, autre pays cible de la stratégie de l'entreprise, la croissance devrait être sous les 5% mais encore bénéficier de l'exclusivité sur certaines molécules.

Par ailleurs, le groupe souligne ses découvertes scientifiques dans le domaine de l'immuno-oncologie, un domaine de recherche prometteur contre les cancers.

Son médicament contre le cancer MEDI4736, actuellement en phase d'essai clinique, aurait ainsi un potentiel de vente allant jusqu'à 6,5 milliards de dollars par an.

À la Bourse de Londres, l'action AstraZeneca perdait 2,46% à 4.689,7 pence mardi matin, dans un marché en recul de 0,30%.