Plusieurs grandes entreprises exhibent encore avec fierté à leur siège social leurs rapports annuels, des documents soignés qui reflètent l'image de prestige qu'elles veulent donner d'elles-mêmes.

La volonté de réduire les dépenses et les préoccupations environnementales sont toutefois en train de porter un coup dur à ces publications souvent pimpantes, du moins dans leur version papier.

«Avant, toutes les entreprises mettaient le paquet sur le rapport annuel, qui jouait le rôle d'une vitrine, rappelle Debbie Cabana, porte-parole du voyagiste Transat. Maintenant, c'est plus le site web qui joue ce rôle-là.»

Depuis son entrée en Bourse en 2009, la chaîne de magasins Dollarama n'a publié qu'un rapport annuel, en 2010. Mais comme toutes les sociétés cotées, le détaillant montréalais se conforme aux exigences réglementaires en produisant des rapports de gestion, qui expliquent en détail ses résultats financiers trimestriels, et une notice annuelle, qui résume l'évolution de l'entreprise.

Depuis 2006, Jean Coutu publie un rapport annuel minimaliste, sans aucune photo, qui ne contient que quelques pages de plus que ce qu'exigent les autorités réglementaires.

D'autres entreprises, comme CGI et Bombardier, ont commencé cette année à scinder la première partie du rapport annuel, qui fait le bilan des activités de l'année, et la deuxième, qui regroupe les données financières. Les deux documents sont imprimés séparément, mais on consacre beaucoup plus d'efforts au deuxième, qui sert de carte de visite auprès des partenaires d'affaires.

«Nous allons probablement aller vers cette formule, parce que le rapport des activités [sans les données financières] est un document qu'on pourra utiliser pendant toute l'année», explique Isabelle Adjahi, directrice des communications et des relations avec les investisseurs chez WSP (ex-Genivar).

Quoi qu'il en soit, les organisations investissent de moins en moins dans leurs rapports annuels. Le Mouvement Desjardins a carrément cessé d'imprimer le sien. Presque partout, on a réduit le nombre d'exemplaires imprimés au cours des dernières années. À la Banque Laurentienne, le tirage est passé cette année de 15 000 à 4000 exemplaires. Chez Hydro-Québec, on en imprimera 700 copies, contre 8500 en 2009, ce qui coûtera tout de même 125 000$. Du côté d'Investissement Québec, à peine 170 exemplaires sortiront des presses, contre 2800 en 2007.

Le jour où il n'y aura plus de rapports annuels imprimés n'est toutefois pas encore arrivé. Les autorités en valeurs mobilières obligent toujours les entreprises cotées à expédier un exemplaire papier aux actionnaires qui en font la demande, alors que les sociétés d'État sont tenues d'en envoyer à l'Assemblée nationale. Sans oublier que certains journalistes nostalgiques aiment toujours les feuilleter!

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PETIT LEXIQUE

Un fois par an, les entreprises cotées en Bourse doivent produire au moins trois documents à l'intention de leurs actionnaires. Les voici:

Rapport annuel

Document qui résume les activités de l'entreprise pendant l'année et qui présente de façon exhaustive les résultats financiers de l'exercice écoulé (cette deuxième partie s'appelle «rapport de gestion»).

Notice annuelle

Document qui décrit l'entreprise, son industrie, son historique récent, sa structure, ses perspectives futures et les risques auxquels elle s'expose.

Circulaire de sollicitation de procurations

Aussi appelé «circulaire de la direction», ce document donne notamment des précisions sur l'assemblée annuelle, les candidats aux postes d'administrateurs et la rémunération des patrons.