La téléphonie mobile reste la vache à lait d'AT&T, qui a publié mardi un bénéfice net trimestriel de 3,7 milliards de dollars, mais le géant américain des télécoms transforme parallèlement ses activités fixes et investit dans de nouvelles activités.

Le groupe a ainsi décidé mardi de s'allier avec Peter Chernin, ex-bras droit du magnat des médias Rupert Murdoch, pour «tirer profit de la croissance rapide de la vidéo en ligne» en achetant ou lançant des services dans ce secteur, selon un communiqué commun.

AT&T et la société spécialisée dans les médias de M. Chernin, The Chernin Group, se sont engagés à financer à plus de 500 millions de dollars un nouveau véhicule d'investissement destiné à «investir dans des supports publicitaires ou d'abonnement pour de la vidéo à la demande, ainsi que dans des services de streaming» (visionnage en flux sans téléchargement sur le modèle de Netflix ou YouTube).

AT&T investit aussi beaucoup pour développer son réseau en fibre optique et ses services à haut débit. Il revendiquait fin mars 11,3 millions d'abonnés pour son offre U-verse de télévision et d'internet à haut débit, avec sur les trois derniers mois des gains nets de 634 000 clients dans l'internet et 201 000 dans la télévision, selon des détails publiés mardi en marge de ses résultats.

«Nous sommes déterminés à transformer notre activité, et ce trimestre on commence vraiment à voir les résultats», s'est félicité le PDG du groupe, Randall Stephenson.

AT&T a enregistré au premier trimestre la plus forte croissance de son chiffre d'affaires en plus de deux ans: il a augmenté au premier trimestre de 3,6% à 32,5 milliards de dollars.

Et il va profiter dans les mois à venir de l'acquisition bouclée à la mi-mars de Leap, qui renforce AT&T sur le marché des télécommunications mobiles pré-payées.

Le groupe table en conséquence désormais sur une croissance annuelle d'au moins 4%, contre seulement 2% à 3% prévus jusqu'ici.

En termes de bénéfices, le résultat net a un peu baissé (-1,3%) mais le bénéfice par action hors exceptionnels, qui fait référence à Wall Street, a dépassé de 1 cent la prévision moyenne des analystes, à 71 cents.

L'action AT&T perdait malgré tout 2,12% à 35,52 dollars vers 22H20 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, mais son cours a beaucoup augmenté ces dernières semaines, avec un gain de presque 14% depuis début mars.

Bénéfices et abonnés mobiles en hausse

Malgré les efforts dans le haut-débit, les performances des activités fixes restent globalement mitigées.

Le chiffre d'affaires de cette branche a baissé de 0,4% à 14,6 milliards et la marge d'exploitation y a été ramenée en un an de 11,1% à 10% avec un plongeon de 10,5% du bénéfice d'exploitation, ressorti à 1,5 milliard de dollars.

La téléphonie mobile en revanche continue de briller: le chiffre d'affaires a grimpé de 7% à 17,9 milliards de dollars et le bénéfice d'exploitation de 8,1% à 5,1 milliards.

La division affiche une marge d'exploitation de 28,3% et dit avoir gagné plus d'un million de nouveaux clients en trois mois, dont 625 000 par abonnement soit son meilleur premier trimestre en cinq ans.

AT&T revendiquait au total 116 millions de clients mobiles fin mars.

Le groupe américain avait démenti formellement en janvier les rumeurs d'une éventuelle offre de rachat sur son concurrent britannique Vodafone.

Sa direction a répété mardi lors d'une téléconférence avec des analystes que «la fenêtre est en train de se fermer» pour des investissements en Europe, mais remarqué: «On peut voir dans les résultats de ce trimestre pourquoi nous nous concentrons sur les États-Unis».