Les ventes des entreprises se sont redressées au cours des derniers mois. Elles sont plus nombreuses à rapporter une amélioration plutôt qu'une détérioration.

C'est la première fois en trois trimestres que l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE), menée par la Banque du Canada du 18 février au 13 mars, reflète une telle situation sur laquelle se fonde sans doute l'optimisme grandissant des sociétés canadiennes.

Il y a déjà quelques saisons que la majorité de l'échantillon d'une centaine de sociétés, soigneusement sélectionnées pour refléter le plus fidèlement possible le profil corporatif canadien, témoigne du bon moral des entreprises.

Cette fois-ci, plus de la moitié songe à augmenter ses effectifs au cours de la prochaine année. C'est passablement mieux que ce qui avait été observé depuis le milieu de 2012, tant dans les réponses à l'EPE que dans l'augmentation observée du nombre d'emplois.

En matière d'investissements, les résultats de l'EPE sont moins engageants, hormis le segment manufacturier où il y a volonté affichée d'acheter et d'installer de nouveaux équipements. Les répondants évoquent l'accélération de la croissance américaine et l'avantage compétitif relatif que procure l'affaiblissement du huard par rapport au billet vert.

Tant pour les embauches que pour les investissements, le solde des répondants qui prévoient une augmentation et de ceux qui s'attendent à une diminution est le plus élevé en deux ans.

Ces perspectives de ventes et d'investissements accrus n'alimentent pas beaucoup les craintes de pénurie de main-d'oeuvre ou d'incapacité à pouvoir remplir des commandes imprévues. La majorité des entreprises n'entrevoit pas de difficulté tandis qu'à peine 6% sont d'avis qu'elles éprouveraient de sérieux problèmes.

L'autre grande révélation de l'EPE, ce trimestre, concerne l'inflation. Pour la première fois en trois ans, près de 1 répondant sur 2 s'attend à payer ses intrants plus cher alors que 1 sur 10 seulement s'attend à payer moins.

Un peu moins de 2 sur 5 sont d'avis qu'ils ne pourront pas refiler cette hausse de coûts à leurs clients, à cause de la forte concurrence. Bien que faible, cette proportion est néanmoins la plus élevée en trois ans.

On peut donc s'attendre à ce que les entreprises dont les ventes se matérialisent en dollars américains voient leurs profits augmenter plus vite que celles qui font affaire sur le marché canadien, mais qui importent une partie significative de leurs composants.

S'il est vrai que l'écrasante majorité voit toujours le taux d'inflation à l'intérieur de la fourchette de 1 à 3% souhaitée par la Banque et même surtout dans l'intervalle de 1 à 2%, ces résultats montrent bien l'absence de craintes de déflation ni même de désinflation.

Les dernières données de Statistique Canada en la matière reflètent d'ailleurs un relatif raffermissement des prix à la consommation, cet hiver.

Ultime donnée de nature à nourrir l'optimisme: le crédit demeure à la fois accessible et abordable, de l'aveu même des entreprises et des institutions prêteuses.

Les modalités tarifaires et non tarifaires d'attribution de prêts se sont légèrement assouplies de nouveau pour toutes les catégories d'entreprises et dans toutes les régions.

Elles étaient déjà fort avantageuses. Le dernier léger resserrement observé remonte à il y a plus d'un an.

La remontée attendue des coûts d'emprunt des prêteurs pourrait cependant renverser de nouveau cette tendance prochainement.