Le gouvernement du Québec est prêt à subventionner la construction d'une usine de fractionnement de plasma sud-coréenne même s'il a refusé de financer l'entreprise lavalloise ProMetic pour un projet semblable.

Le président et chef de la direction de ProMetic, Pierre Laurin, a failli s'étouffer dans son café en lisant La Presse hier matin.

Il y apprenait que le gouvernement du Québec acceptait de subventionner à hauteur de 8 millions la construction d'une usine de fractionnement de plasma de la sud-coréenne Green Cross. Investissement Québec s'engage par ailleurs à prêter à l'investisseur étranger 17 millions de dollars en plus. L'investissement de 187 millions est censé se faire dans la région de Montréal et créer 140 emplois. Une annonce officielle est prévue la semaine prochaine, disait-on mercredi à Investissement Québec.

«Un Québécois n'est jamais prophète au Québec», s'exclame Pierre Laurin. Il souligne que sa firme biopharmaceutique, cotée à la Bourse de croissance TSX, a levé 530 millions au fil des ans. «S'il y en a 10 millions qui viennent du Québec, c'est beau», souligne-t-il.

Le dirigeant sait de quoi il cause. Investissement Québec a opposé une fin de non-recevoir à sa demande de financer sa propre usine de fractionnement de plasma à la technologie novatrice. Sans aide gouvernementale, ProMetic est finalement allée de l'avant avec son projet en y investissant pas loin de 10 millions.

Cette usine, fonctionnelle depuis décembre dernier, est située dans les anciennes installations de GlaxoSmithKline à Laval, qui appartiennent maintenant à l'INRS. La PME, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 20,6 millions en 2013, a créé 40 emplois à Laval dans les 6 derniers mois à la suite de cet investissement et prévoit en créer 40 autres en 2014.

À la différence des géants du même secteur d'activité, ProMetic se spécialise dans l'extraction de protéines qui aident à traiter les maladies rares. Sa capacité de traitement approche les 150 000 litres de plasma sanguin. Son approvisionnement provient de la Croix-Rouge américaine.

En dépit des difficultés qu'il éprouve avec le financement de la phase 1 de son usine, M. Laurin a le projet de quintupler sa production de produits dérivés du plasma d'ici trois ans. «L'avenir est à Laval pour nous», soutient-il.

Avec ce qu'il sait aujourd'hui, il compte bien retourner cogner à la porte d'Investissement Québec. Qui peut l'en blâmer?

En un coup d'oeil

Entreprise: ProMetic

Fondation: 1994

Ventes annuelles: 20,6 millions

Employés: environ 200

Installations: Angleterre, Laval, île de Man