Où s'arrêtera la soif d'acquisitions de Facebook? À peine plus d'un mois après l'application mobile WhatsApp, le réseau social en ligne a annoncé mardi vouloir acheter Oculus VR, un spécialiste de la réalité virtuelle utilisée entre autres pour des jeux vidéo.

Facebook avait mis 19 milliards de dollars sur la table pour WhatsApp, qui renforçait sa position dans le mobile fortement développée ces deux dernières années. Oculus, qui fait entrer le groupe sur un tout autre créneau d'activité, va lui coûter «seulement» 2 milliards environ.

«Le mobile est la plateforme d'aujourd'hui, et maintenant nous nous préparons pour les plateformes de demain», a commenté le PDG-fondateur du réseau social, Mark Zuckerberg, en présentant l'opération, qualifiée de «pari à long terme sur l'avenir de l'informatique».

Il a en effet rappelé que dans le passé, de nouvelles plateformes étaient apparues successivement, évoquant le PC, internet, puis le mobile.

Ambitions dépassant les jeux vidéo

Pour Mark Zuckerberg, «l'une des plateformes du futur les plus enthousiasmantes est notre vision, ou la modification de ce que nous voyons pour créer des expériences augmentées et immersives».

Oculus est une jeune startup californienne justement spécialisée dans les technologies de réalité augmentée. Son seul produit annoncé pour l'instant est le casque Oculus Rift, destiné surtout aux jeux vidéo, pour lequel déjà plus de 75 000 kits de développement ont été commandés, selon Facebook.

Le réseau social assure ne pas vouloir changer les projets dans les jeux vidéos d'Oculus.

Mais «les jeux sont seulement le début. Après le jeu, nous allons faire d'Oculus une plateforme pour beaucoup d'autres expériences», a promis Mark Zuckerberg.

Et d'évoquer l'utilisation du casque pour assister à des cours virtuels, consulter un médecin à distance ou faire des achats dans un magasin virtuel.

«Nous sommes enthousiastes à l'idée de travailler avec Mark et Facebook pour fournir la meilleure plateforme de réalité virtuelle au monde», a assuré pour sa part le co-fondateur et patron d'Oculus, Brendan Iribe. «La mission de Facebook est de connecter le monde, et Oculus développe un nouveau médium qui aide les gens à communiquer de manière complètement différente».

Achats chers mais payés en actions

Facebook n'est pas le seul poids lourd technologique à se lancer dans des activités s'éloignant de son activité d'origine. Le distributeur en ligne Amazon ou le géant d'internet Google font la même chose, avec des acquisitions ou en développant des produits en interne.

Avant cette année, la plus grosse acquisition de Facebook était celle en 2012 de l'application de partage de photos Instagram, jugée très ambitieuse à l'époque avec un prix initialement annoncé d'un milliard de dollars, ramené finalement à 715 millions de dollars car Facebook avait payé en partie avec ses propres actions dont le cours avait entretemps baissé.

L'opération est aujourd'hui considérée comme un succès par la plupart des analystes: Instagram qui a annoncé mardi avoir franchi la barre des 200 millions d'utilisateurs, dont 50 millions gagnés sur les six derniers mois, reste prisée par les adolescents que l'on soupçonne préférer les nouvelles plateformes au réseau initial de Facebook, et commence à être monétisée avec l'ajout progressif de publicités.

Pour WhatsApp comme pour Oculus, Facebook a une fois encore prévu de payer en grande partie avec ses propres actions. Dans le cas d'Oculus, il ne versera que 400 millions de dollars en numéraire au bouclage de la transaction, prévue d'ici fin juin.

Ce type d'opération est facilité par le niveau élevé de l'action Facebook ces derniers mois, qui permettait au groupe d'afficher une capitalisation boursière d'environ 165 milliards de dollars mardi à la clôture.

L'annonce du nouvel achat était accueillie sans grand enthousiasme à la Bourse de New York, où le titre du réseau social perdait 0,82% à 64,89 dollars vers 00H00 GMT dans les échanges électroniques suivant la séance officielle.