ANALYSE - Sur une base annuelle, le taux d'inflation est passé de 1,5% en janvier à 1,1% en février. Qu'est-ce que ça signifie? Que le coût de la vie augmente plus vite que prévu.

Vous avez bien lu: il augmente, il s'accélère même, sans qu'on parle d'excès de vitesse, fort heureusement.

Le ralentissement observé du rythme annuel d'inflation est causé par un effet de base et non par une désinflation, comme c'était le cas l'automne dernier.

Statistique Canada précise que les prix de l'essence ont bondi de 2,3% seulement le mois dernier, alors qu'ils avaient été propulsés de 8,4%, en février 2013, un chiffre qui disparaît du calcul annuel du taux d'inflation. À eux seuls, les prix de l'essence pèsent 4,62 points dans l'indice des prix à la consommation, soit presque autant que les prix des soins de santé et des soins personnels (4,93 points).

En revanche, la marche des prix s'accélère depuis le début de l'année: 0,2% en septembre, - 0,2% en octobre, 0,0% en novembre, - 0,2% en décembre, 0,3% en janvier et 0,8% en février.

Pour mieux observer la tendance de l'inflation, les économistes préfèrent utiliser des données désaisonnalisées (débarrassées de leur volatilité saisonnière) dont ils calculent la moyenne mobile de trois mois, laquelle est ensuite multipliée par quatre pour obtenir un rythme annuel.

Et ça donne ceci: un taux annualisé d'inflation de 1,0% en décembre, de 2,3% en janvier et de 3,0% en février! L'Indice de référence de la Banque du Canada, moins volatil, atteint un rythme annualisé de 2,7%.

Heureusement, on ne s'attend pas à un bond mensuel de l'ordre de 0,8% encore ce mois-ci. Les prix de certaines composantes de l'IPC, comme le prix des maisons, pourraient même plafonner, voire reculer à cause de la surchauffe observée dans le marché des condos, par exemple.

Par contre, les prix réglementés des énergies comme le gaz ou l'électricité vont grimper au printemps, si on se fie aux demandes de hausses de tarifs demandées par les sociétés de services publics comme Gaz Métro ou Hydro-Québec, un peu partout au pays.

Les prix mondiaux des céréales et des plantes de fourrage sont repartis à la hausse, après leurs baisses de l'an dernier. Le prix de la viande de boeuf a bondi de 4,8% en un mois, celui du porc, de 2,3%, celui du lait, de 2,5%. On se rabattra sur le poulet, qui est un peu moins cher.

Le froid a aussi fait grimper les prix des fruits frais de 5% (dans le cas des oranges, la hausse est de 14,4%), ceux des légumes frais de 3,1%.

Ces augmentations mensuelles sont plus élevées que l'appréciation annuelle. La guerre des prix perd de sa virulence.

La dépréciation du dollar canadien va en outre se faire sentir progressivement dans les autres biens de consommation importés comme les vêtements, les appareils électroniques ou les électroménagers.

Heureusement, l'inflation est modeste au sein des fournisseurs du Canada. Aux États-Unis, le taux annuel d'inflation était aussi de 1,1% le mois dernier. La présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, a admis la semaine dernière que l'inflation était plus faible chez l'Oncle Sam que ce à quoi s'attendaient les autorités monétaires.

La Banque du Canada avait, quant à elle, parié en janvier sur un taux moyen de 0,9% au premier trimestre, le même qu'à l'automne. On en est plutôt à 1,1% après deux mois.

Le taux canadien camoufle cependant d'importantes disparités régionales.

La Colombie-Britannique est en déflation, tandis que l'Île-du-Prince-Édouard, le Manitoba, la Saskatchewan et l'Alberta vivent avec un taux qui dépasse 2%.

Le taux du Québec est d'à peine 0,4%.

Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les recettes fiscales du ministère des Finances. Mince consolation, la tendance est à la hausse...