Une lente croissance économique est la nouvelle norme, et elle exigera des banquiers centraux qu'ils maintiennent les taux d'intérêt à de faibles niveaux plus longtemps qu'il ne l'était nécessaire par le passé, a indiqué mardi le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.

«L'économie mondiale ne souffre peut-être pas seulement d'une gueule de bois due à un lendemain de crise financière», a-t-il affirmé lors d'une allocution prononcée devant la Chambre de commerce de Halifax.

«D'autres forces à plus long terme sont aussi à l'oeuvre», a-t-il ajouté.

Certains analystes laissent entendre qu'une longue période de stagnation est en vue, a fait remarquer M. Poloz.

«Une conséquence particulière de cette théorie serait que même les taux d'intérêt directeurs extrêmement bas pourraient avoir un effet moins expansionniste qu'en temps normal», a-t-il dit.

Le taux du financement à un jour de la Banque du Canada est à 1 % depuis septembre 2010, après avoir été abaissé à un niveau record de 0,25 % en avril 2009, afin de stimuler la croissance économique à la suite de la crise financière de la fin de 2008.

Il faut s'attendre à ce que la relance subséquente à la récession anormalement sévère de 2008-2009 prenne plus de temps que d'habitude, a affirmé M. Poloz, ajoutant que d'autres facteurs ralentissaient probablement la croissance.

La génération des baby-boomers nés entre le milieu des années 1940 et le milieu des années 1960 - au Canada et dans les autres pays industrialisés - commence à atteindre l'âge de la retraite, a observé le gouverneur de la banque centrale.

Le fait que les baby-boomers du monde industrialisé aient placé leur argent dans l'immobilier plutôt que dans des investissements pouvant stimuler l'économie, comme des infrastructures ou des investissements commerciaux, complique la situation en matière de croissance, a-t-il ajouté.

Les biens immobiliers représentaient 40 % de l'actif total des ménages en 2012, contre 32 % en 1999, a fait remarquer M. Poloz.

La croissance a été moins élevée que prévu lors des premiers mois de l'année, a indiqué le gouverneur.

Néanmoins, M. Poloz a dit encore croire que l'expansion serait supérieure à la croissance potentielle de 2 % et qu'elle sera proche de 2,5 % en 2014 et en 2015 - comme l'a prédit la Banque du Canada en janvier.

Le dirigeant de la banque centrale s'est toutefois réservé le droit de revoir à la baisse cette prévision dans son prochain rapport sur la politique monétaire, prévu le mois prochain.

«Même si nous nous attendons encore à ce que la croissance de l'économie canadienne soit supérieure au niveau tendanciel cette année et l'an prochain, les données récentes laissent entrevoir un taux d'expansion plus modeste au cours du premier trimestre», a-t-il affirmé.

«Cela semble attribuable principalement aux effets des conditions météorologiques inhabituelles, mais une analyse plus approfondie s'impose», a ajouté M. Poloz.