La faible inflation persiste au Canada, mais ne paraît plus alarmer la Banque du Canada.

La Banque du Canada moins inquiète de la faible inflation

La faible inflation persiste au Canada, mais elle ne paraît plus alarmer autant la Banque du Canada. Pas plus d'ailleurs que le marché de l'habitation, dont la surchauffe récente paraît enfin s'attiédir.

Voilà pourquoi la Banque se montre plus encline à se camper dans une véritable neutralité face à l'évolution de son taux directeur. D'aucuns pensaient qu'elle avait amorcé un faible penchant vers une légère baisse de taux avec l'arrivée en fonction de son gouverneur Stephen Poloz, l'été dernier.

«L'offre excédentaire au sein de l'économie et la concurrence dans le commerce de détail vont probablement maintenir l'inflation nettement sous la cible de 2% cette année», lit-on dans son communiqué publié hier matin. Sans surprise, elle y annonce qu'elle reconduit son taux directeur à 1%, en place depuis le 1er septembre 2010. Bien que très faible, ce taux est plus élevé que celui des autres grandes banques centrales occidentales.

Dans son communiqué précédent du 22 janvier, la Banque affirmait s'attendre à ce que l'avancée des prix soit plus lente pendant «la majeure partie de la période de projection», c'est-à-dire pendant 2014 et 2015.

Les autorités monétaires craignaient même que «l'inflation demeure nettement sous la cible pendant quelque temps» et, par conséquent, voyaient une accentuation des «risques à la baisse entourant l'inflation».

Cela avait stimulé une certaine spéculation sur une baisse possible du taux directeur en cours d'année, que le communiqué d'hier devrait dissiper tout à fait.

Tout au plus y est-il mentionné que «les risques à la baisse entourant l'inflation demeurent importants».

En janvier, dernier mois de données disponibles, le taux annuel d'inflation se situait à 1,5%, en hausse de trois dixièmes par rapport à celui de décembre. Durant la deuxième moitié de 2013, le rythme de progression des prix était passé sous la barre de 1% pendant plusieurs mois.

Sur le front économique, la Banque maintient sa prévision d'une croissance réelle d'environ 2,5% pour l'année en cours et l'an prochain, malgré un ralentissement au présent trimestre attribuable à une météo hostile.

La Banque paraît toujours déçue par le niveau des exportations et des investissements des entreprises. Elle n'a fait cette fois-ci aucun commentaire sur la valeur du dollar canadien, qui oscille autour des 90 cents américains d'équivalence depuis plusieurs semaines.

Les autorités monétaires trouveront un certain réconfort dans la lecture du Livre beige de la Réserve fédérale américaine publié hier après-midi. On y rapporte qu'un optimisme modéré persiste dans la majorité de ses huit districts, en dépit des entraves de Dame Nature dans plusieurs États américains.

La Banque maintient que les États-Unis seront «le chef de file» dans l'accélération en cours de la croissance mondiale.

Elle semble aussi plus rassurée par la stabilisation du ratio de la dette des ménages, longtemps perçu comme le principal risque haussier à son scénario économique.

Elle souligne enfin que «les tensions en Ukraine ont intensifié l'incertitude géopolitique» et note une «différenciation accrue des risques entre les pays émergents».

Le scénario économique de la Banque sera revu en même temps que la prochaine date de fixation du taux directeur, le 16 avril.

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CE QU'ILS EN PENSENT

« Les données sur l'inflation pour février et mars devraient indiquer que la croissance annuelle des prix est retombée sous le 1 % en raison de la présence d'effets de base dans le niveau de l'indice des prix à la consommation. La Banque l'a prévu dans son Rapport sur la politique monétaire de janvier dernier en anticipant une inflation de 0,9 % pour le premier trimestre. » - Marie-Claude Guillotte, Valeurs mobilières Banque Laurentienne

« En janvier, la Banque avait noté qu'un dollar plus faible allait stimuler les exportations. Cette fois-ci, aucun commentaire. Deux raisons possibles de cette omission. Le dollar canadien a peu varié depuis et/ou la Banque ne veut pas être perçue comme trop favorable à une monnaie plus faible. » - Douglas Porter, BMO Marchés des capitaux

« Notre scénario de base demeure que la Banque ne bougera pas avant 2015. Nous pensons que la probabilité d'une baisse de taux au cours des six prochains mois a diminué à 20 %. » - Charles St-Arnaud, Nomura, recherches économiques mondiales

« Notre scénario de base demeure que la Banque ne bougera pas avant 2015. Nous pensons que la probabilité d'une baisse de taux au cours des six prochains mois a diminué à 20 %. » - Stéfane Marion et Paul-André Pinsonnault, Banque Nationale, marchés financiers