Que le message vienne d'Ottawa ou de Québec, il est le même: la durabilité de l'expansion économique passe par la croissance des exportations et des investissements, en particulier en provenance du secteur manufacturier.

En 2013, la production en usines a reculé légèrement, seul segment de l'économie qui n'a pas affiché de croissance, selon les comptes nationaux publiés vendredi par Statistique Canada.

Pire, les investissements des entreprises en matériel et outillage ont reculé à l'automne pour un troisième trimestre d'affilée.

À la grande déception de la Banque du Canada, les entreprises des secteurs public et privé ne montrent guère d'enthousiasme à augmenter leurs investissements, tant en bâtiment qu'en matériel et outillage, cette année.

Selon Statistique Canada, l'augmentation serait de 1,3% à peine, d'un océan à l'autre, soit tout juste de quoi tenir compte du taux d'inflation. Au Québec, on parle plutôt d'un repli de 0,3%.

Quand on décortique ces chiffres publiés la semaine dernière mais éclipsés par les résultats de la Caisse de dépôt et placement, on constate que le Québec sera loin, encore une fois, de figurer dans le peloton de tête.

Si on écarte le bâtiment du total, la croissance des intentions d'investir en matériel et outillage des secteurs public et privé est de 3,9%, d'un océan à l'autre, mais de 4,1% au Québec.

À première vue, ce peut être encourageant, surtout quand on pense que la balance commerciale du Québec souffre d'un déficit structurel depuis une décennie. Investir, ce peut être pour accroître ses capacités de production ou pour les rendre plus productives. Dans les deux cas, c'est de bon augure pour les exportations.

À y regarder de plus près, il y a de quoi déchanter.

Si on considère uniquement l'investissement privé en matériel et outillage, on constate des intentions en hausse de 3,3% à l'échelle canadienne sur les données provisoires des investissements réalisés en 2013. Au Québec, c'est 1,8% seulement. Ces investissements visent tous les segments de production: commerce, entreposage, santé, services publics, etc.

Si on désire mieux cibler les perspectives d'exportations, alors mieux vaut regarder les données pour les segments de l'extraction minière et, surtout, de la fabrication.

Réglons vite le premier cas: les intentions d'y investir sont de l'ordre de 745 millions, en baisse de 24,1% sur 2013, année où les investissements avaient aussi reculé de 12,3% sur la précédente, qui s'est révélée un sommet historique. À hauteur de 745 millions, les intentions d'investir cette année sont du niveau de 2010.

Ce repli s'explique avant tout par le recul des prix des biens de base, mais peut-être un peu aussi par les tergiversations ayant entouré la refonte de la Loi sur les mines.

Les exportations restent avant tout affaires de biens manufacturés même si les investissements des entreprises se sont concentrés ces dernières années dans l'exploration et l'exploitation pétrolières et gazières. En 2014, c'est d'ailleurs dans les infrastructures pipelinières que les plus gros chantiers progresseront.

Dans le secteur manufacturier canadien, les intentions d'investir sont aussi fortement à la hausse, avec un bond de 13,7% sur les données provisoires de 2013. Force est de constater toutefois que les données réelles ont toujours été inférieures aux intentions manifestées par les fabricants canadiens, depuis 2009. Et à hauteur de 14,67 milliards, l'investissement manufacturier en matériel et outillage reste encore inférieur de quelque 2,5 milliards de son niveau de 2008.

Au Québec les perspectives s'annoncent à première vue aussi encourageantes, avec un bond de 12,3% sur les investissements de 2013. On doit néanmoins jauger la valeur de cette progression annoncée avec la même réserve que pour les données canadiennes.

Ainsi, les intentions annoncées l'an dernier étaient à hauteur de 3,79 milliards. Les investissements réalisés ont plutôt totalisé 3,12 milliards.

Même en présumant que toutes les intentions se matérialisent, cette année, le total des investissements serait de 3,5 milliards, une différence de 380 millions, sur les intentions de l'an dernier.

Gageons que la prochaine campagne électorale viendra combler cet écart, en intentions à tout le moins...